Le shaping

Est ce possible de s’en sortir avec un animal tétu ?

On a tous à moment donné été confronté à un animal plus difficile qu’un autre. Un loulou qui n’apprend rien, qui nous met vraiment en difficulté et pour lequel on serait tenté de baisser les bras, de lâcher l’affaire ou de passer à des méthodes plus… coercitives. Un animal qu’on aurait très vite fait de qualifier de tétu, borné, idiot et tout un tas de mots qui nous font vraiment du bien sur l’instant, mais qui ne permettent ni de trouver une solution, ni de comprendre fondamentalement le pourquoi des comportements de l’animal.

Alors si on faisait un deep dive dans cette problématique ? Qu’est ce qu’il se passe exactement dans ce genre de situation ?

Plusieurs choses à prendre en compte :
– Les émotions de l’animal, je l’ai déjà dit de nombreuses fois : les émotions trop fortes inhibent les capacités d’apprentissages
– La communication et la clarté des informations transmises de l’humain à l’animal
– La capacité de l’humain à adapter le protocole rapidement pour l’apprentissage de cet animal.

Et aujourd’hui, c’est sur ce dernier point très précisément qu’on va se concentrer.

✨Le Shaping✨

Le shaping littéralement “façonnement” (in english please) c’est l’acte de construire un “gros” comportement (complexe) en implémentant pleins de petites sous-étapes progressives. Pour la faire courte ; on visualise notre objectif ultime :

“J’aimerais que mon chien sache rentrer dans sa cage de transport tout seul”, par exemple et on va découper ce gros objectif final en plein de sous-étapes pour aider l’animal à mieux comprendre et apprendre ce qui est attendu de lui.

En gros, le shaping c’est une technique de renforcement d’un comportement final par approximations successives.

Et ça marche, hell yeah !

C’est utilisé dans quels contextes ?

✅ Modification comportementale : changer un comportement problématique par un comportement acceptable pour tout le monde
✅ Soins coopératifs : apprendre à l’animal à être acteur de ses soins ou les faire lui même !
✅ Implémentation d’enrichissement de haut niveau : tu pensais que ton loulou “n’aime pas tel ou tel jouet” ? C’est qu’il a mal été implementé !
✅ Réeducation & réhabilitation : réapprendre à voler pour nos perroquets, musculation sportive, réeducation motrices…
✅ Faire des tricks : simplement faire des tours c’est déjà participer au bien être en lui même, une activité qui cimente vos liens et participe à la sensation de réussite et d’accomplissement de ton animal

Tu l’auras compris, le shaping c’est partout, tout le temps, et on peut réfléchir pour l’implémenter dans chacun de nos objectifs qu’il soit d’ordre rééducatif, éducatif ou de bien-être !

Les bénéfices ?

• Pas de frustration de l’animal : on va de victoire en victoire !
• Pas d’abandon et de découragement
• Pas d’énervement et de spirale de violence pour apprendre à l’animal quelque chose

Et pour parler de ça de façon extrêmement concrète, je vais te raconter ma propre histoire, les difficulté auxquelles j’ai été confronté et comment j’ai fait pour m’en sortir (et ou j’en suis aujourd’hui) !

Marion et ses aras

J’étais NULLE en anglais, mais vraiment 0, nada.

A la base, j’ai appris l’anglais juste pour pouvoir me former au behaviorisme. Mais je sortais de l’école avec 6 de moyenne en anglais (bouuuuuh la cancre !).

Bah voui et j’ose le dire.
Par contre l’allemand alors la nickel, quasi bilingue le truc (et si vous cherchez la logique sachez que mon cerveau n’en a pas).

A l’école, j’avais été couverte de phrase assassines : “de toute façon elle est nulle…” “on ne fera jamais rien d’elle”. Et puis ça se vérifiait donc c’était factuellement vrai.

Autant te dire que j’avais un réel blocage avec l’anglais, et ce n’était pas une histoire de capacité (comme toujours quand on parle de learning…. Même avec nos enfants n’est ce pas ? -big thing I learned in the process -), mais plutôt d’impossibilité mentale.

Je croyais que j’étais nulle. Donc j’étais nulle. Un cas désespéré quoi. Tout le problème des étiquettes et carcan, et un des effets pervers dont j’ai déjà parlé à de multiples reprises.

Et puis, qui dit cas désespéré, dit : abandon des gens autour de toi. Mais surtout, abandon de toi vis à vis de toi même.

(Et je précise que pour ma part en tout cas, c’était un process totalement inconscient).

→ Un véritable cercle vicieux ; t’abandonnes, donc t’y arrives pas, donc t’es nul, et ça ne fait que confirmer que t’avais raison (et en plus ca donne raison aux autres).

Sauf que le truc il est là : je n’étais pas nulle.

J’étais juste en échec dans cette matière pour plein de raisons différentes (longues à énumérer). Et les années passant, le retard s’accumulant, ça devenait une véritable montagne à gravir qui me semblait tout bonnement impossible à franchir. .

Il se passe quoi dans ce genre de cas ? On baisse tout simplement les bras. Arrivé à un certain stade, ça faisait belle lurette que j’avais tout simplement jeté l’éponge.

A ce stade, une volonté de fer ne suffit pas (surtout quand t’as seule récompense c’est un chiffre sur une feuille, clairement pas assez motivant pour moi !).

Donc : qu’est ce que j’ai fait pour sortir de ce cercle vicieux tout pourri ?

Comment j’ai fait pour être capable de faire des formations à l’étranger, d’avoir une mentore anglaise, de lire des pages et des pages d’études scientifiques sans sourciller, de lire des dizaines de bouquins en anglais, mais par dessus tout ; de surmonter ma peur de parler face à un natif et face à un auditoire ?

Je vais être honnête : il n’y a pas de remède magique ou d’illumination.
C’est un process de plusieurs années que j’ai entamé de façon microscopique inconsciemment et que j’ai entretenu et finalisé (et continue encore, ya encore du boulot !) consciemment.

Et si je te disais qu’avec le recul et touuuut ce que j’ai appris, j’ai compris que je m’était “auto-shapé” (j’adore les anglicismes) ? Et si je te disais que ce process inconscient, il est possible de le faire parfaitement consciemment et en quelques minutes ?

De gagner un temps… Extrêmement précieux ?

C’est ici que notre aventure commence !

Apprendre un calin avec un perroquet

STEP 1 : Setting the stage

Préparer la scène, gérer les antécédents, bref, préparer le terrain pour permettre au comportement d’apparaitre.

Parce que mon comportement “apprendre l’anglais” n’allait clairement pas apparaitre par la grâce du ciel ou parce que je me mettrais volontairement dans la situation (non non non), j’étais plutôt dans la situation inverse ou je faisais de véritables stratégies d’évitement.

Pour moi cette étape a ressemblé à ça : jouer à des jeux en ligne internationaux

STEP 2 : Motivating operations

J’ai associé (involontairement) l’anglais à une activité positive et en elle même renforcatrice. Autrement dit pour pratiquer l’activité “positive”, j’avais besoin de quelques rudiments d’anglais. De sorte à ce que cette nouvelle façon d’appréhender la langue à pu commencer à légèrement changer ma perception de la pratique.

Est ce que ça suffit à expliquer le fait que je l’ai appris volontairement et en conscience ? Clairement pas, ça n’aurait jamais suffit en lui même ! L’historique que j’avais avec l’anglais était particulièrement négatif et donc je faisais un véritable rejet émotionnel. Juste créer une association positive à ce stade n’aurait pas été suffisant.
Concrètement à ce stade, je pipe toujours pas grand chose. En revanche il se crée quelque chose d’absolument fondamental : je ne fuis plus devant l’anglais et je commence à changer ma perception de cette langue.

STEP 3 : Management

Ne pas s’exposer en dehors des sessions agréables.
Autrement dit, ne pas être confronté à une situation difficile par rapport à l’anglais, qui aurait conduit sinon à faire remonter tous mes blocages.

Ca ne vous rappelle rien ? (oui on parle de ce genre de chose dans les webinaires réactivité & anxiété de séparation disponible ici !)

Pour moi étant sortie du système scolaire c’était donc bien plus facile je n’étais plus contrainte à cette exposition (oh et le management ça peut aussi être sortir de sa vie les gens toxiques et qui nous rabaissent constamment ! En l’occurrence pour moi sortir de l’environnement “école” à permit d’éviter ce type de jugement).

J’avais des animaux, et j’ai commencé à m’intéresser au comportement. Il y avait rien – ou presque – qui était suffisamment poussé en France. Alors j’ai regardé ailleurs, et au départ, avec beaucoup d’appréhension.

Des bouquins, des études, des formations ? Ok mais là, ça fait quand même beaucoup. Ce n’est peut être pas pour moi après tout…

Donc concrètement à ce stade :

• J’ai mon environnement
• J’ai crée la motivation
• J’ai changé ma perception

Ne reste plus que…. Commencer l’apprentissage !

Et ici précisément à ce stade, il y a une grosse marche d’escalier à laquelle il faut vraiment faire attention. Sortir la tête de l’eau c’est pas encore être sorti de l’eau vous voyez. A vouloir aller trop vite, c’est le risque de se planter, de ne rien comprendre et de se décourager.
#RetourALaCaseDépart

Sauf que maintenant j’avais une motivation supplémentaire et un peu moins d’appréhension à l’idée de la pratique de cette langue grâce aux tout petits précédents.

Alors… SHAPING TIME BABY

Et voici mes étapes qui -à mon sens- sont plus ou moins longues fonction des gens, de leur besoin, de leur socle de départ de leur historique, de leur perception, de leur temps et un tas d’autres variables encore que je n’aurais pas le temps d’énumérer :

1/ Regarder des séries en Vostfr
2/ Lire des BD en anglais
3/ Acheter des livres-roman en édition spéciale d’apprentissage de l’anglais (mots complexes traduits sur les cotés)
4/ Faire une formation en anglais qui ne nécessite pas d’expression orale
5/ regarder des webinaires / vidéos en Vosteng
6/ Livres des livres en anglais avec mon dico à côté
7/ Faire d’autres formations en anglais qui necessitent une grosse expression écrite
8/ Commencer timidement à m’exprimer en anglais à l’écrit avec des anglophones (envoi de mail / gestion fournisseurs…)
9/ Attaquer les lectures de bouquins techniques et pointu en anglais
10/ Faire du mentorat en anglais (expression orale en safe place)
11/ Lire des études scientifiques en anglais
etc etc et bien d’autres que j’oublie ici.

Et je continue encore aujourd’hui à me créer des étapes.

Evidemment ce ne sont que mes propres étapes, avec mes contraintes environnementales et techniques on aurait tout à fait pu ajouter aussi un correspondant dans la liste des étapes, mais ce n’est pas une étape que je pouvais techniquement faire. A chacun ses propres étapes adaptées à ses besoins MAIS AUSSI ce qui est possible pour lui.

✅ Mes propres facteurs de réussite :

MANAGEMENT CONTINU : Précisons qu’à côté de ça, je me suis très très peu exposée à l’anglais avec des francophones (management), un point qui était absolument crucial dans ma propre réussite.

UNE RENCONTRE : Il y a une phrase qui a été prononcée par une personne (je ne sais plus qui mais je remercie du fond du cœur cette personne), qui a vraiment TOUT changé pour moi et qui a contribué à me donner du courage car elle a changé mon point de vue : “après tout, le but des langues, c’est de se faire comprendre”.

Oui. OUI ! le but d’une langue c’est de se faire comprendre.

Pas d’être parfait.

Pas de ne pas faire de fautes.

Et je me suis accrochée à cette idée car elle changeait la donne : sur l’exercice scolaire qui se devait d’être parfait sinon gare à toi, on passait soudainement à : le but c’est de communiquer avec d’autres personnes, d’autres cultures.

INTERET LINGUISTIQUE : à mesure de mes apprentissages je regardais aussi en parallèle des vidéos de linguistiques qui ont drastiquement contribuer à changer ma perception des langues, et m’ont plutôt rendue ébahie par leur richesse et leur diversité. Je haïssais les langues. Aujourd’hui je les adore toutes.

Touuuuut ça pour dire quoi ?

L’apprentissage… Doit toujours dépendre de l’apprenant. Tous n’ont pas les mêmes besoins, la même logique, et la même compréhension. Tous ne démarrent pas au même niveau. Cette notion d’apprentissage au rythme de l’apprenant c’est précisément CA le shaping.

J’aurais pu… Ne jamais le faire et en rester la.

Aller au rythme de l’apprenant c’est justement éviter le fait de bloquer à jamais sur une étape, c’est éviter les découragements, les abandons, la frustration.

Alors est ce qu’il est possible de réussir même avec un cas désespéré ? Franchement ? Oui.
Il est impossible que “ça ne fonctionne pas j’ai déjà tout essayé avec lui”.

Non, il y a forcément un paramètre qui n’a pas été pris en compte, une étape qui a été sauté.

La motivation / la volonté qu’on a tendance à idolâtrer et à poser sur un piédestal comme si “tu l’as ou tu l’as pas”, ça se travaille, comme n’importe quelle autre variable en fait.

On arrive au bout, j’aurais encore plein de choses à dire mais je garde tout ça pour un prochain coup.

Psst, tu as remarqué ? Nous avons fait du shaping pour t’apprendre… le shaping (c’est le INCEPTION du shaping !)

Je te laisse prendre le temps de digérer toutes ces informations… Si tu penses avoir fait du shaping, volontairement ou pas, que ce soit avec toi même, tes enfants ou tes animaux, j’adorerais que tu me partages ton histoire, et ton ressenti en commentaire !

Merci pour ta lecture, l’écriture n’a pas été des plus simples, montrer un petit bout de soit n’est jamais facile… Je te dis à très vite ! <3

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Marion
Certified Professional Bird Trainer
Certified Separation Anxiety Trainer
Fear Free Certified Professional