Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre
Quand j’étais gamine, probablement autour des 6 ans environ il y avait un distributeur de vidéo qui louait des VHS (on en était encore la !), et qui a fait une transition DVD avec d’être définitivement fermé quelques années plus tard avec l’avènement d’internet et des téléchargements en ligne.
Pour ceux qui se demandent ce que c’est, le principe est simple : aller chercher un film, à toute heure du jour ou de la nuit, dans ce distributeur, le film est loué pour une durée de 6h, 24h ou plus et le tarif de la location varie fonction du temps qu’on souhaite louer.
C’était une époque ou Netflix, Disney +, ou prime vidéo n’existaient pas, ou internet en était encore à ses balbutiements pour le grand public et ou l’accès au divertissement était bien plus difficile.
➡️ Bon Marion, t’es bien gentille avec tes souvenirs de gosse, mais c’est quoi le rapport avec la choucroute ?
He bien… A cette époque, se regarder un film le soir pépère, c’était le parcours du combattant, il fallait se le mériter si on voulait pas juste avoir le programme télé classique.
Pourtant j’ai un net souvenir que j’étais la première à me jeter pour accompagner mon paternel au distributeur qui se trouvait ni plus ni moins qu’à l’autre bout de la ville.
Donc ma question est la suivante : moi enfant, qu’est ce qui fait que le comportement “accompagner mon père” ai été renforcé au point de l’accompagner à chaque occasion ?
Il n’y a pas d’autres raisons que le fait d’avoir le choix.
Pour avoir le choix, j’étais prête à braver le froid à sortir du plaid, mettre les chaussures, pour avoir l’opportunité de choisir un film !
Je n’y connaissais rien en film et à cette époque, le meilleur repère restait encore de regarder la jaquette (un critère peu fiable si vous voulez mon avis !).
✅ Le choix, l’opportunité d’avoir le choix EST un renforçateur PRIMAIRE. Certainement même le renforçateur primaire qui balaye tous les autres, nourriture comprise.
Prenez le temps de bien digérer cette information et toutes les implications qu’elle sous-entend pour notre vie au quotidien avec nos animaux, parce qu’elle a de nombreuses applications très concrètes.
Nous dirigeons l’entièreté de la vie de nos animaux. De l’endroit ou ils dorment, à ce qu’ils mangent, aux rencontrent qu’ils font, aux lieux de balades, ce qu’ils ont le droit de faire, ou de ne pas faire. Nous choisissons le harnais qu’ils vont porter, on ne s’intéresse que rarement à savoir si ce harnais est adapté. On choisit les outils qu’on leur fait porter, est ce qu’on leur demande leur consentement ? Bien peu d’entre nous savent réellement comment faire. Nous contrôlons absolument TOUS les aspects de la vie des animaux qui nous accompagnent au quotidien.
Mais sachez une chose : vos animaux se battrons pour avoir une opportunité d’avoir le choix et le contrôle sur certains aspects de leur vie.
Le fait d’avoir le choix et leur donner le contrôle sur des situations bien précises -sécurisées- c’est les encourager à prendre les bonnes décisions, c’est montrer qu’on est de leur coté et éliminer les rapports de force qui en découleraient nécessairement autrement. C’est leur donner confiance dans certains process et permettre de faire des choses qu’il aurait été inimaginable de faire autrement (je pense ici au medical training par exemple mais aussi à l’apprivoisement). Vous avez déjà vu un cacatoes alba prendre des gouttes pour le nez volontairement pour un lourd traitement quotidien grâce à un immense travail de fond réalisé par des pros compétents ? Moi oui.
Offrir l’opportunité du choix est renforçateur en lui MEME !
Ca veut aussi dire que plus votre animal sera forcé et acculé, plus il sera dans une situation de rejet. Pour dire ça autrement : Tout va dépendre de la façon dont on présente les choses.
Vous avez un oiseau qui rejette les autres ? Pensez y.
Vous avez un oiseau qui rejette les jouets que vous offrez dans sa cage ? Pensez y.
Vous avez un chien qui fuit le harnais ? Pensez-y
Vous avez un chien qui ne répond plus de rien quand vous le lachez ? Pensez y.
Mais en fait je pourrais continuer comme ça vraiment très longtemps.
Je pourrais aussi parler de ce chat (comment ça je parle de vécu ??) qui va sciemment choisir d’ouvrir la porte fermée, alors que la baie vitrée est grande ouverte et que l’accès a l’extérieur est pourtant possible. Qui va d’ailleurs ouvrir, regarder son œuvre, et partir (en restant dedans).
Alors quel est le renforcateur ? C’est très simple : il PEUT le faire. C’est tout, il n’y a pas d’autres renforcateurs. Je peux. J’ai le controle.
C’est une notion qu’on pense souvent comprendre et qui est pourtant une des plus difficile à maitriser pleinement tant dans son approche que dans sa pratique réelle.
Retirer le controle, retirer le choix c’est gravement compromettre le bien-etre de nos animaux. C’est risquer de créer des peurs, des phobies. C’est augmenter le risque d’agressivité, ce sera toujours une escalade de la violence, et à ce petit jeu, si on peut “gagner” contre des petites especes, je vous assure que nous serons sinon, toujours, toujours, perdant. C’est risquer une impuissance apprise, une détresse émotionnelle, une apathie. C’est augmenter les stratégies d’évitement, c’est créer un stress chronique et tellement d’autres choses encore.
Vous avez un oiseau rémigé parce qu’on vous a dit que c’était pour sa sécurité ?
✴️ il est dépendant de vous pour aller d’un point A à un point B. Bonjour la frustration dès que vous ne pouvez pas satisfaire à son envie immédiate.
✴️ Vous allez vers qqc qui fait peur ? Il est incapable de fuir et risque d’être en flooding avec une augmentation des peurs et un risque d’agressivité plus important.
✴️ Vous pensez vraiment qu’il profite des 5/6 fois dans l’année ou il sera sorti en extérieur en immersion totale et le reste du temps contraint de vivre avec un handicap et un manque de mobilité qui l’oblige à tout subir ?
Et tellement d’autres choses encore… Le manque de controle entraine des comportements problématiques.
“C’est bien joli tout ça, mais comment on fait pour gérer les comportements indésirables qui découlent du choix ?”
Est ce qu’on peut vraiment parler de comportement indésirable ? Est ce que ça justifie de retirer le contrôle ? Est ce qu’on a des stratégies alternatives et éthiques pour trouver un compromis qui ne compromette le bien-être de personne ? Est ce que donner le choix ça veut dire “laisser faire” sans lui donner d’outils pour gérer les situations ?
Non vraiment, c’est bien plus complexe qu’il n’y parait ! Réponses dans un prochain chapitre …
Vous pensiez que pour obtenir du résultat avec des loulous “difficiles” il faut limiter leur contrôle, limiter leur choix et utiliser la contrainte ? Je veux vous prouver qu’il est non seulement possible de faire autrement, mais que nos loulous nous offrirons bien plus !
Marion
Certified Professional Bird Trainer
Fear Free Certified Professional
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Merci pour cet article très enrichissant. Vous mettez des mots de pro sur mes pensées de gardienne. Hâte de voir la suite et peut-être un sujet annexe sur la frustration du binôme quand “pas le choix” (ex : quand le toutou veut aller à droite mais que l’on voit qu’il y a des déclencheurs)?