C’est un sujet qui m’est assez cher parce que c’est une problématique qu’on retrouve et qui arrive souvent alors qu’on ne s’en rend pas nécessairement compte. Si tu as déjà vu ou que tu as rencontré un oiseau qui ne voulait pas sortir de sa cage alors que la cage était ouverte. Si tu as fait la même expérience, par exemple avec un lapin – ça arrive souvent avec des animaux qu’on a tendance à garder dans des espaces clos et assez petits dans nos conditions de vie captive, on va dire habituelles, alors que ce ne sont pas forcément des conditions qui sont adaptées à l’individu ni à ses besoins en tant qu’espèce – alors, tu as peut-être été témoin, tout simplement, d’impuissance apprise. Là, ce sont des exemples qui sont assez flagrants, mais la plupart du temps, ce n’est pas aussi flagrant que ça.
Qu’est-ce que c’est exactement l’impuissance apprise ? Finalement, c’est quand un animal, un être vivant, quel qu’il soit, et c’est valable aussi pour les humains, fait l’expérience de la résignation face à un événement ou un événement répétitif qui va se produire dans sa vie. Ça, c’est ce qui se passe quand nous, en tant qu’être vivant, on perd le contrôle sur les événements qui se produisent. Quand on est perpétuellement soumis à une pression environnementale et qu’on ne peut pas s’en échapper, alors on est en train de faire l’expérience de la résignation. Tout simplement parce qu’on ne sait pas comment faire autrement pour pouvoir s’échapper de cette situation. Il y a une étude qui est plutôt discutable éthiquement, mais qui est assez ancienne maintenant et qui a été faite avec des chiens et des chocs électriques par Martin Seligman. Depuis, l’expérience a été vérifié, elle a été reproduite et répliquée dans d’autres contextes avec toujours la même réponse. Donc, on sait que l’impuissance apprise existe. On l’a vérifié expérimentalement parlant de nombreuses fois et on a pu en faire l’expérience aussi avec les humains. Ça a été malheureusement utilisé dans des contextes de torture avec l’humain sur certains gouvernements.
Pour revenir à la partie expérimentation qui a été faite initialement et qui a permis de mettre en évidence cet état, Martin Seligman a fait une expérience où il a pris trois groupes de chiens qui étaient attachés avec un harnais. Dans le premier groupe, les chiens sont simplement attachés à leur harnais durant une courte période et ensuite ils sont libérés. Et dans les groupes deux et 3, ils restent attachés. Le groupe 2 subit intentionnellement un choc électrique que les chiens peuvent arrêter en pressant un levier. Donc ils ont un moyen d’action pour arrêter les chocs électriques. Chaque chien du groupe 3 est attaché en parallèle à un chien du groupe 2 et lui, il subit un choc de la même intensité, de la même durée. Sauf que ceux du groupe 3, ils n’ont pas la possibilité d’arrêter le choc. Le seul moyen pour un chien du groupe 3 d’échapper à un choc, c’est qu’un des chiens du groupe 2 actionne son levier. Les chiens du groupe 3 ne peuvent donc pas agir par eux-mêmes pour échapper au choc.
Et en fait, au bout du compte, les chiens des groupes 1 et 2 se sont rétablis très rapidement de leurs expériences, tandis que les chiens du groupe 3 ont appris à être impuissants et ont montré des symptômes similaires à la dépression chronique qu’on peut observer chez l’humain. Ça, c’est la première partie de l’expérimentation où on voit finalement que dans le cas 1, les chiens sont très, très vite relâchés par rapport à la situation et le harnais il leur est retiré. Dans le cas deux, ils subissent les chocs, mais ils ont un moyen d’action pour l’arrêter. Dans le cas trois, ils restent attachés aussi et ils n’ont aucun moyen d’action pour arrêter les chocs électriques. Ils sont obligés d’attendre que quelqu’un d’autre le fasse pour eux. Ensuite, ils ont refait l’expérience de façon assez similaire avec les mêmes groupes de chiens. Ça, c’est la deuxième partie de l’expérience et ils ont été mis dans un nouveau dispositif avec un petit muret qu’il suffit de sauter pour éviter le choc. Pour une très grande partie du parcours, les chiens du groupe 3, qui avaient précédemment appris que rien ne pouvait arrêter les chocs, restaient passivement immobiles et gémissaient, alors qu’il aurait été finalement facile d’échapper aux chocs en sautant le muret, tandis que les groupes 1 et 2 ont tout de suite essayé d’échapper à la situation, ont sauté le muret et ont permis d’arrêter les chocs électriques, le groupe 3 a continué à subir la situation parce qu’il avait appris préalablement que tout ce qu’il avait tenté de faire pour arrêter la situation ne fonctionnait pas.
Ils ont même pas essayé de s’échapper à la situation. On parle vraiment de résignation et c’est dans ces moments-là qu’on voit l’impuissance apprise qui a des symptomatiques totalement similaires à une dépression. Ça, c’est l’expérience qui a permis de mettre en évidence pour la première fois l’état d’impuissance apprise. Ce qu’il faut retenir de cette expérience-là, c’est qu’un animal qui est soumis à des stimulations inévitables renonce à tout comportement d’évitement. En gros, il se résigne à la situation. Et le comportement de résignation va persister même si les stimulations deviennent ensuite évitables. Malgré tout, ce qui a été mis aussi en évidence, c’est que si l’expérimentateur intervient auprès des chiens qui sont devenus apathiques pour les tirer, pour les porter, pour les mettre de l’autre côté du muret lors de l’envoi du choc électrique, l’animal peut parfois réapprendre et faire l’initiative de sortir de l’état d’impuissance apprise. Et on dit bien parfois, parce que ce n’est pas vrai pour tous les individus. Et ce que Seligman tire comme conclusion, c’est que le traumatisme réduit la motivation à répondre aux situations qui vont nous arriver.
Les expériences traumatiques interdiraient l’apprentissage de nouvelles réponses et cet état-là serait un des facteurs de la dépression et ou de l’anxiété. Et est-ce que vous voyez où je veux en venir ? La punition à répétition, par exemple, peut induire cet état-là, cet état d’impuissance apprise. Et la punition, ce n’est pas nécessairement un moment où on va, par exemple, frapper son animal. Ça ne prend pas toujours cette forme-là. Ça pourrait être mettre son animal dans des conditions de vie qui ne sont pas adaptées à l’espèce, à ses besoins. Et ce qui est aussi assez notable, c’est que peu importe leurs origines et le fondement, l’impuissance apprise peut survenir à tout moment lorsque l’individu est soumis à des événements incontrôlables de façon répétée. Ce qui a été observé chez ces individus-là, ce sont des troubles émotionnels, une plus grande agressivité, des troubles physiologiques. Oui, le stress a vraiment un impact sur la santé et que souvent, l’impuissance apprise s’associe aussi à une cognition qui devient plus faible. Et il n’y a pas besoin d’attendre des années pour rentrer dans cet état-là. Cet état-là peut survenir en quelques semaines, voire quelques mois de situations incontrôlables qui vont être répétées et répétées et répétées.
Autrement dit, l’état d’impuissance apprise peut arriver extrêmement vite. Et si parfois on peut se sentir à l’abri face à cette situation, nous-mêmes, on est en tant qu’humains, on n’est absolument pas à l’abri. Et on revient aussi à une notion qui est très importante en comportement, c’est la notion de contrôle. Plus on va donner le contrôle à un individu, plus il va se sentir à l’aise, plus il va être motivé pour faire quelque chose, plus il sait qu’il a le choix vis-à-vis d’une situation, c’est-à-dire prendre la décision de s’engager dans une activité ou dans une autre. Plus on va retirer le contrôle sur une situation, même si c’est pour son bien d’ailleurs, plus ça risque d’être très difficile à vivre pour l’individu. C’est quelque chose, par exemple, qu’on va retrouver dans une clinique vétérinaire. Un animal qui doit faire des soins parce que c’est absolument obligatoire, ce qu’il risque de faire, ça va être au départ, de faire des réponses de plus en plus importantes pour essayer d’échapper à la situation. Peut-être qu’au départ, il va juste couiner, ensuite, il va se retourner, ensuite, il va commencer à mordre ou à pincer si c’est un oiseau, par exemple. Il va commencer à augmenter ses stratégies pour faire en sorte que la situation s’arrête et donc, finalement, on va rentrer en conflit avec l’animal.
Souvent quand, par exemple, on a un petit chien, moi, je le vois avec les tout petits chihuahuas, on s’autorise plus à faire ce type de choses-là parce qu’on sait que les conséquences, finalement, pour nous en tant qu’humains, elles vont être minimes. Même si le chien, il essaie de nous mordiller, c’est mignon. Je veux dire, ce n’est pas un malinois. Penser de cette façon-là nous pousse à être totalement aveugles aux signaux que va envoyer le chien. C’est souvent comme ça et pour ça aussi qu’on va retrouver des petits chiens qui sont plus souvent en état d’impuissance apprise parce que finalement, ils ont appris à subir la situation parce que leurs moyens d’action et les outils à leur disposition ne sont pas suffisants pour se faire entendre. Tout se passe comme si, quoi qu’ils fassent, ils ne pouvaient pas échapper à la situation. C’est quelque chose qu’on retrouve souvent chez les petits chiens, pour lesquels, par exemple, on va devoir faire des soins assez réguliers, que ce soit en termes de brossage, de griffes ou autres, ou même tout simplement des soins classiques chez le vétérinaire et pour lesquels le chien n’a finalement aucun moyen d’échapper à la situation parce qu’il n’a tout simplement pas assez de force, parce qu’il est petit, parce que les dégâts qu’il pourrait faire sont minimes et que finalement, l’humain va maintenir la pression sur l’individu sans s’intéresser aux signaux du chien, parce qu’il a très peu à perdre.
Tout se passe comme si l’animal rentrait en impuissance apprise. Devoir subir l’événement en ayant tenté toutes les stratégies qu’il avait à sa disposition pour s’en sortir sans que rien ne fonctionne, ça le pousse à ne plus rien tenter. Il va être résigné à subir la situation. Je pourrais prendre aussi l’exemple des oiseaux qui ont eu les ailes rémigées ou qui sont restés en petite cage très longtemps. Souvent, dans ces moments-là, j’entends les personnes qui disent « Il n’aime pas voler » ou « Il ne vole pas, c’est son choix, il fait bien ce qu’il veut. » Mais est-ce que réellement l’oiseau a choisi de ne pas voler ? Est-ce que c’est vraiment son choix à la base ? Est-ce que c’est un manque d’envie ? Ou est-ce que ce serait pas plutôt une forme plus ou moins sévère d’impuissance apprise et de dépression chronique ? Pour moi, la réponse est assez simple. À partir du moment où on voit un oiseau qui est résigné et qui ne réalise les comportements que dans des cas, par exemple, avec un vol de fuite où l’oiseau va partir de façon totalement inconsciente vis-à-vis d’une situation, quand on voit ce genre de choses-là et que l’oiseau ne vole jamais par lui-même pour aller d’un point A à un point B, voire même qui commence à faire certaines stéréotypies dans certains cadres parce qu’il n’arrive pas, par exemple, à s’envoler. Quand on commence à voir ce genre de choses-là ou qu’on voit totalement de l’apathie, alors qu’on va dire que dans l’éthogramme de l’espèce, c’est une espèce qui est censée être active. Quand on commence à voir ce genre de choses-là, ça veut peut-être dire que l’oiseau ou l’animal, quel qu’il soit, est en état d’impuissance apprise. Le problème, c’est qu’on pourrait se dire “OK, il est juste apathique”, mais ça joue réellement et concrètement dans le bien-être de l’individu au quotidien, parce qu’il ne va plus faire des comportements qui sont censés être naturels et qui sont censés pouvoir répondre aussi à ses besoins en tant qu’individu. Il n’y a rien de pire que de savoir qu’on ne peut rien faire pour échapper à une situation.
On en revient finalement à la notion de consentement. Moi, par exemple, si je me balade dans la rue et qu’il y a soudainement quelqu’un qui vient par derrière et qui me fait un câlin, peut-être qu’il vient avec la meilleure intention du monde, ça, ce n’est pas un problème, mais moi, je vais prendre ça pour une agression parce que de mon point de vue, ce n’était pas choisi, donc je vais avoir peur, je vais tenter de me dégager, je vais peut-être réagir extrêmement mal à la situation. Peut-être que la personne qui était venue avec les meilleures intentions du monde ne va pas comprendre la situation, mais si elle insiste, moi, encore une fois, de mon point de vue, je vais vraiment voir ça comme étant une agression.
Maintenant, on va reprendre un petit peu la même situation. Je me balade dans la rue et puis, il y a une personne qui a les bras grands ouverts avec un panneau marqué « Free hugs », donc câlins gratuits. Qu’est-ce que je vais faire dans ce genre de cas ? Je vais pouvoir avoir le choix de savoir si est-ce que là, j’ai envie de faire ça, je pourrais, ça va dépendre de moi, ou est-ce que je n’ai pas envie et dans ce cas-là, je passe mon chemin. Le simple fait de savoir que j’ai ce choix-là, que j’ai l’opportunité de moi, prendre la décision si je souhaite réaliser cette activité ou pas va totalement changer ma perception de la situation. Si là, j’y vais et que j’ai finalement un câlin, c’est exactement la même situation, le même comportement que précédemment dans la situation précédente. La seule différence, c’est que c’est moi qui ai choisi d’engager l’activité.
C’est la seule différence. Et pourtant, dans un cas, je vais me sentir très, très, très, très mal parce que je vais prendre ça pour une agression. Et dans le second cas, en revanche, je vais me sentir vraiment très, très bien. Donc, avec simplement ça comme différence, dans un cas, ça pourrait presque être un événement traumatisant, alors que dans l’autre cas, et pour la même situation, ce sera un événement très positif. Est-ce que vous comprenez la différence ? C’est fondamental de comprendre cette notion-là. Là, en l’occurrence, on parle de consentement. On parle surtout de choix et de contrôle par rapport à une situation. Et puis, l’impuissance apprise, ça peut prendre différentes formes. Ce n’est pas aussi évident qu’envoyer des jets électriques à son animal ou le frapper tous les jours ou l’enfermer chaque jour dans une toute petite pièce. Ce n’est pas aussi évident que ça. Parfois, on peut faire de l’impuissance apprise tout simplement en faisant du « flooding ». Le « flooding », c’est l’immersion en français et ça se caractérise par le fait d’être jeté, d’être immergé, en somme, dans la chose qui nous fait le plus peur, sans avoir le moyen d’en réchapper.
Par exemple, si j’ai extrêmement peur, je ne sais pas moi, des autres humains, disons que j’ai très peur, je ne suis pas du tout une personne sociale, j’ai vraiment du mal à gérer les autres humains, et qu’on me jette dans une foule avec plein de gens qui vont me parler, avec plein de gens qui vont m’accoster toutes les deux minutes, et que ça me fait extrêmement peur. Là, on n’est pas du tout en train de gérer ma peur initiale. On est en train, au contraire, de créer encore plus de sensibilisation vis-à-vis des humains. On est en train encore plus de créer un problème là où à la base, il y avait peut-être une sensibilité, il y avait peut-être quelque chose, mais là, c’est en train de s’empirer parce qu’on me jette dans la situation qui me fait peur sans que j’ai le moyen d’en réchapper. Disons qu’on me jette dans une pièce avec des humains et qu’on ferme à clé derrière moi et que je n’ai aucun moyen de sortir de là, ce qui risque de se passer à ce moment, c’est effectivement de l’impuissance apprise. C’est pas parce que je n’émets plus de symptômes, par exemple comme crier, comme tenter de sortir, comme tenter de m’échapper, que ça veut dire que je me sens bien.
Et c’est ça toute la nuance et toute la subtilité avec l’impuissance apprise, c’est qu’on peut se sentir extrêmement mal avec énormément de problèmes de santé, une baisse de la cognition, on va dire des choses extrêmement visibles qui vont arriver parce qu’il y a un stress chronique qui arrive avec tous les effets et l’impact du stress chronique qu’il peut y avoir sur un individu : baisse de l’espérance de vie, baisse de la cognition, problématique de santé, etc. Et que pourtant, il n’y ait visiblement aucun symptômes. C’est-à-dire qu’on dirait que ça va et pourtant, ça ne va pas du tout. C’est super pernicieux, c’est super vicieux comme problématique parce qu’on ne le voit pas nécessairement.
Vous voyez un petit peu, par exemple, quand on a un chien qui va être sensible aux autres chiens, qui a peut-être peur d’eux, peut-être qu’il a fait de mauvaises expériences, peut-être qu’il s’est fait attaquer par un chien, peu importe la raison, et que pour tenter de l’aider, s’il y a un petit malaise ou s’il y a peut-être un tout petit défaut de socialisation, on le jette dans plein d’autres chiens parce qu’on estime que c’est la bonne chose à faire pour le socialiser. Ce qui risque de se passer, ça peut être des réponses extrêmement fortes, mais si la situation venait à se répéter et se répéter encore et encore, ce qui risque de se passer au bout d’un moment, ça peut tout à fait avoir un animal qui ne montre plus aucun symptôme par rapport à la situation et qui est tout simplement résigné à subir ce qui se passe.
Maintenant qu’on a dit tout ça, il faut quand même savoir que même si ça fait des années, même si vous récupérez un animal qui a été sorti de maltraitance, qui a été enfermé pendant des années dans un tout petit truc, même si vous avez un oiseau qui a été rémigé ou qui a été enfermé également et qui ne sait pas voler, même si vous avez un lapin qui a été enfermé dans une toute petite cage et qui n’a rien connu, il est quand même possible d’essayer d’aider ces animaux-là au maximum, mais ça ne doit pas du tout se faire n’importe comment. Parce que si on jette ces individus là dans une situation qui est, on va dire, super bien pour l’espèce de façon générale, mais peut-être trop d’un coup pour cet individu-là. On n’oublie pas que l’impuissance apprise, ça peut entraîner une baisse de la cognition. Votre animal aura beaucoup plus de difficultés à trouver la bonne réponse comportementale à une situation. Peut-être que c’est parce qu’il y a beaucoup trop de choses à penser à la fois et qu’il risque d’être un peu court-circuité par l’intensité des stimuli qu’il y a devant lui à ce moment-là.
Donc, si par exemple, vous avez un oiseau qui ne vole plus du tout, la question du bénéfice de voler ne devrait même pas avoir à se poser. Moi, je vous recommande vivement d’entraîner votre oiseau à retrouver au moins une partie de son vol. Il ne retrouvera peut-être pas les capacités cognitives d’un oiseau qui n’a jamais été privé de vol. Peut-être qu’il ne fera jamais des manœuvres exceptionnelles avec des zigzags en plein vol. Peut-être que ça, on ne le verra pas. En revanche, le fait qu’il puisse avoir la mobilité qu’il est censé avoir à la base en tant qu’espèce, aller d’un endroit à un autre pour aller chercher sa nourriture, pour s’éloigner de quelque chose qui le met mal à l’aise ou n’importe quoi d’autre, la question du bénéfice de la mobilité ne devrait même pas se poser.
Donc, entrainer son oiseau à retrouver une partie de son vol est absolument fondamental, mais ça, on ne peut pas le faire n’importe comment. Si on met immédiatement l’oiseau avec deux perchoirs dans une immense volière, par exemple, de 20 mètres de long et qu’on met un perchoir d’un côté, un perchoir de l’autre côté à 20 mètres, vous pouvez être sûr qu’il n’y arrivera pas parce que c’est trop difficile d’un coup. Les seules autres fois dans sa vie où il a été peut-être mis dans cette situation- là, s’il avait eu par exemple les ailes rémigées, il se serait scratché au sol. Si on le remet dans cette situation-là à ce moment-là, lui, il ne voudra tout simplement même pas essayer de voler. Finalement, il va falloir créer la situation, la situation de réussite où l’oiseau va peut-être réussir à battre une ou deux fois des ailes et ce sera déjà très bien. Vous allez rapprocher peut-être à 50 centimètres le perchoir pour faire en sorte que déjà, il commence tout simplement à vouloir s’engager dans cette situation-là. Donc, il va falloir créer la motivation. Il faut créer une situation de confiance et surtout créer une situation de réussite où on sait que l’oiseau va être en réussite par rapport à la situation là où toutes les autres fois dans sa vie, il a été en échec.
Parce qu’on se rappelle que l’impuissance apprise vient des échecs répétés et répétés où il a dû se résigner à la situation et où son comportement n’avait plus aucun impact sur la situation. Et là, l’idée, c’est de lui refaire comprendre, de lui réapprendre que son comportement va fonctionner. Si tu fais tel comportement, regarde ce que tu peux atteindre, regarde ce que tu peux réussir à faire. Et recréer ces connexions-là dans le cerveau de n’importe quel animal qui l’a perdu, c’est vraiment difficile. C’est un vrai parcours du combattant, ce n’est pas simple du tout. Votre but, ça va être de créer des situations où l’individu va réussir, va être en situation de réussite par rapport à ses propres comportements. Votre but, ça va être de faire en sorte de mettre en place des situations les plus faciles possible et accessibles pour l’individu et pour son niveau actuel. Ne le jetez pas dans le grand bain tout de suite parce qu’il n’y arrivera pas, c’est sûr et certain. Tout ce que ça va faire, c’est le renvoyer au fait qu’il n’y arrive pas. Ça va relancer à nouveau la machine à résignation. Donc réussissez à tout simplement créer une toute petite étape. Ce n’est qu’un démarrage. C’est peut-être rien pour vous, mais peut-être que pour l’oiseau ou pour le chien ou pour le lapin, ce sera énorme parce que c’est quelque chose qu’il n’avait jamais été capable de faire avant.
Et c’est vrai aussi si, par exemple, vous avez un chien qui a été toute sa vie enfermé dans un tout petit espace. Si tout de suite vous le sortez dehors, peut-être qu’il va être complètement hébété par la situation. Allez-y tout doucement, sortez-le peut-être dans un environnement certes extérieur, mais peut-être clos, peut-être petit. Pour l’aider, déjà, à prendre ses marques par rapport à cette situation-là, enrichissez petit à petit cet environnement-là pour l’aider à voir qu’il n’y a aucun danger, que tout va bien. Et c’est vrai, finalement, dans n’importe quelle autre situation et pour n’importe quel autre animal, il va falloir y aller petite étape par petite étape. Et c’est comme ça que vous réussirez à sortir l’animal de cette situation. Et surtout, c’est un gage de bien-être. C’est en faisant ça que vous allez pouvoir réatteindre un bien-être relatif pour l’individu. Vous allez pouvoir le sortir de cet état, le sortir de cet état de dépression et de résignation dans lequel il est enfermé.
Pour conclure cet épisode, je dirais que avec toutes ces informations-là, j’espère que vous y voyez un petit peu plus clair sur l’impuissance apprise, que vous sauriez comment l’anticiper, en faisant en sorte de donner un maximum de choix à votre animal de contrôle sur une situation que vous lui donnerez aussi peut-être des capacités par rapport à ses besoins, que vous lirez son langage corporel le mieux possible avant qu’il finisse par s’éteindre si on le soumet à une situation trop compliquée pour lui. Et même si vous avez récupéré un animal qui est dans cet état vis-à-vis de certaines situations, il est quand même possible d’essayer de l’aider un maximum. Ce ne sera pas facile, ça c’est clair et net. Parce qu’encore une fois, même si la résignation a lieu vis-à-vis de certaines choses, vis-à-vis de certaines activités ou vis-à-vis de certains contextes, le stress ne vit pas dans une bulle. Et quand on a certains blocages, il est tout à fait possible que ça joue sur le reste de ses comportements au quotidien, que ça puisse jouer sur son humeur, que ça puisse jouer sur sa façon de se comporter avec vous et que ce soit totalement imprévisible du coup. Donc, le sortir de cette situation-là, ça va forcément améliorer son bien-être et aussi votre relation de façon plus générale.
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