Bonjour et bienvenue dans l’épisode 6 du podcast Animale Therapie, le podcast de vulgarisation du comportement animal. Aujourd’hui, on va parler de l’impact du stress dans la pratique du vol libre. Le stress est un facteur particulièrement complexe à gérer et est difficilement décelable si on n’a pas les bons outils pour ça. Mon but avec cet épisode, c’est de te donner les clés pour arriver à le déceler, mais aussi anticiper les problématiques que ça pourrait amener. Mais avant, je dois te dire que si le vol libre est une pratique qui t’intéresse, que ce soit pour la pratique assidue ou parce que, sans parler de vouloir pratiquer, tu souhaites prévenir le risque de perte, j’ai créé une formation complète de deux mois et d’environ 50 heures d’apprentissage et d’exercice à réaliser. Ça commence le 2 octobre et il ne reste que très peu de places, tu peux cliquer ici pour accéder à la formation, n’hésites pas à aller jeter un œil !
Avant qu’on aille plus loin, j’ai d’abord besoin de t’expliquer qu’est-ce que c’est exactement le stress ? Parce que c’est vrai qu’on utilise ce mot de façon très courante, sans vraiment réussir à mettre le doigt sur qu’est-ce que c’est, et surtout, quelle forme il prend.
Avant même d’envisager de répondre à la question, j’ai d’abord besoin de t’expliquer ce que c’est exactement. Dans les différentes catégories de stress qu’on peut rencontrer, la première, c’est ce qu’on appelle le bon stress ou l’eustress. Vous avez déjà peut-être entendu parler de cette appellation. Le bon stress, ce sont des expériences qui vont être challenging, mais sur le long terme, vont être bénéfique pour l’individu. Ça va apporter une forme de récompense. Par exemple, pour un cas typiquement humain, un mariage, c’est du bon stress dans la mesure où ça nous demande de penser à plein de choses, ça nous pousse dans nos retranchements. On peut être stressé aussi par l’expérience, on peut être stressé par la préparation, par le mariage en lui-même, mais ça va résulter en quelque chose de positif. Il n’y a pas d’expérience négative. C’est pour ça qu’on appelle ça une expérience qui nous “challenge”, qui va nous pousser dans nos retranchements, mais on est tout à fait capable de gérer les situations et voire même, on va les choisir. Ça, c’est ce qu’on appelle le bon stress. Celui-là, il ne pose absolument aucun problème et il peut résulter vraiment quelque chose de très positif pour l’individu.
Ensuite, il va y avoir ce qu’on appelle le stress tolérable. Là, en revanche, ce n’est plus une expérience “challenging”, ce n’est plus une expérience qu’on va choisir. Ça va être une expérience négative qui va nous stresser, mais pour laquelle on va quand même être capable de gérer. Parce qu’on a les outils, parce qu’on est physiquement capable, mentalement capable, parce qu’on a ces capacités-là, nous, en tant qu’individu. Ça va vraiment varier d’un individu à l’autre et de la thématique aussi : on n’a pas tous la même sensibilité aux mêmes choses, et ça peut résulter en un apprentissage qui va nous faire grandir. Par exemple, c’est un petit peu triste d’en parler, mais si je devais prendre une expérience typiquement humaine, par exemple la mort d’un ami ou d’un membre de sa famille, c’est une expérience négative. C’est quelque chose dont on va peut-être mettre du temps à se remettre, mais ça peut, je dis bien ça peut, résulter en quelque chose qui va nous faire grandir. On va être capable de faire face à la situation pour différentes raisons, on va utiliser différents leviers, mais c’est une expérience qui est négative et pour laquelle on s’en sort à terme, pas tout le monde, parce que ça dépend, bien sûr, mais là, encore une fois, c’est un exemple de stress tolérable qui va être changeant. Il peut tout à fait y avoir des personnes pour lesquelles cette même expérience-là ne va plus être du stress tolérable, mais va être vraiment extrêmement négative, au point où on en vient, et c’est mon dernier type de stress : au stress toxique.
Le stress toxique, c’est aussi une expérience négative qui provoque énormément de stress, mais là, par contre, on est incapable de la gérer. On n’arrive plus à faire face à la situation. Soit parce que l’intensité des choses qui sont stressantes, des déclencheurs ou la fréquence d’exposition à ces déclencheurs-là, va être trop importante, parce qu’on manque de stratégie pour gérer et pour faire face à la situation, parce qu’il y a déjà eu d’autres stress préalables ou alors d’autres facteurs. En tout cas, ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’en cas de stress toxique, nous n’arrivons plus à faire face à la situation. Et là où je voudrais mettre aussi l’accent, c’est qu’une expérience négative et l’intensité qu’on va ressentir est vraiment propre à chaque individu. C’est chaque individu qui va percevoir l’expérience selon sa propre vision, et toutes les visions sont OK. On ne peut pas se dire que telle chose, ce n’est pas très grave parce que nous, on la considère comme pas très grave, mais peut-être que le voisin à côté, pour lui, ça va être quelque chose d’extrêmement compliqué à gérer, pour quelque chose qui, nous, nous semble totalement banal. Si maintenant je devais revenir aux oiseaux, ça pourrait être, par exemple, un oiseau qui a énormément de mal à gérer, je ne sais pas moi, par exemple, les aboiements ou les humains hommes. Les hommes, pour cet oiseau, il en a jamais connu ou il a vécu des expériences très négatives avec les hommes, pour lui, si on l’expose à des hommes, alors ça va être très compliqué. On va peut-être l’exposer au stress toxique sans vraiment s’en rendre compte parce que nous, on se dit « Mais non, c’est un humain comme un autre, ça ne pose aucun problème » mais peut-être que pour cet oiseau, avec les expériences dans sa vie qu’il a eu, peut-être que là, on sera en train de créer un stress toxique. Là où peut-être, pour un autre oiseau, ça aurait été une expérience tout à fait positive ou alors à la limite du bon stress parce qu’on va lui demander de faire quelques tricks, on va lui demander de gérer une situation, il est tout à fait capable de la gérer, il n’y a aucun problème, il a tous les outils pour ça.
Donc, ce que je veux mettre en évidence, c’est qu’un même événement, un même stimulus dans l’environnement peut être perçu de façon totalement différente en fonction de l’individu. Et peu importe comment est-ce que nous, on interprète la situation, comment nous, on la ressent, tout ce qui compte, c’est comment cet individu-là perçoit la situation. Ce que j’aimerais concrètement que vous ayez vraiment en tête, parce que c’est super important, c’est que ce n’est pas le déclencheur du stress en soi qui est important. Ce n’est pas le déclencheur en soi qui est toxique, qui est bon, qui est tolérable, pas du tout. La seule chose qu’on doit comprendre, c’est comment cet individu va percevoir la situation. Et on ne peut pas déterminer ce qu’il en est qu’à la façon dont nous, on va l’interpréter, seul le ressenti de l’individu compte.
Et ce qu’il faut comprendre, c’est que le stress n’est jamais simulé. Jamais. Et ce n’est pas non plus à minimiser. Si on voit son oiseau qui est en difficulté vis-à-vis d’une situation, c’est que peut-être, là, il y a un événement ou un contexte ou un déclencheur ou plusieurs déclencheurs qui ont provoqué son état et il n’est absolument pas en train de le simuler. Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que le stress toxique court-circuite notre capacité à raisonner. En gros, les comportements qui découlent d’une exposition à ces déclencheurs qui vont provoquer eux-mêmes un stress, les comportements, eux, vont être absolument automatiques. À ce moment-là, on peut avoir tout un tas de comportements automatiques, comme par exemple si on a un oiseau qui est dans un cadre hors vol libre, donc dans une volière ou dans une cage à la maison, on pourrait tout à fait imaginer qu’il va commencer à crier, qu’il va commencer à tenter de s’échapper, qu’il va essayer de s’envoler partout. C’est ça qu’on va pouvoir observer comme type de comportement. Ce sont des comportements automatiques. Et dans ces moments-là, ce qu’on peut observer, c’est que notre oiseau, on a beau essayer de le raisonner, il n’y a plus rien qui fonctionne. C’est comme s’il perdait son cerveau, finalement, qu’on n’arrivait absolument plus à avoir du contrôle sur la situation et même comme si lui-même, n’arrivait même plus à avoir de contrôle sur ses propres comportements. Là, tout ce qui lui importe à ce moment-là, c’est d’échapper au déclencheur.
On ne va pas faire non plus un cours de neurosciences, mais ce que j’ai envie aussi que vous compreniez, c’est que le stress change radicalement la façon dont les informations sont traitées par le cerveau. L’impact du stress immédiat, effectivement, il court-circuite nos capacités d’apprentissage immédiates. En gros, on ne sera plus en mesure de faire n’importe quel apprentissage. Tout ce qu’on va faire, ce sont les comportements automatiques qu’on connaît déjà à ce moment-là de sa vie. Ça peut changer en fonction de la vie d’un individu. Mais aussi et surtout, il y a quelque chose dont je n’ai pas encore parlé, c’est que l’exposition à un stress tolérable ou toxique de façon répétée plusieurs fois ou chaque jour pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, voire même plusieurs mois, sans même qu’on s’en rende compte, ça peut amener à ce qu’on appelle un stress chronique. La problématique du stress chronique, c’est que si le cerveau est exposé à un stress de façon vraiment répétitive, comme c’est le cas dans ce genre de contexte-là, alors ça va vraiment toucher aux fonctions cognitives de l’individu.
Et là, par contre, on va toucher à une autre problématique, c’est-à-dire qu’on va avoir vraiment de plus en plus de difficultés à baisser les peurs. On va avoir l’hippocampe ou le cortex préfrontal qui vont être touchés. Ce sont des zones qui gèrent la mémoire de façon générale. Si je devais résumer ça, en gros, ça gère les capacités cognitives. Si on a ces zones-là qui sont touchées, pour cet individu-là qui est en stress chronique depuis plusieurs semaines, depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, ça va être très compliqué de récupérer toutes ses capacités cognitives. Pareil, si on a l’amydale qui est touchée, elle est fortement impactée lors d’épisodes de stress, il peut y avoir un potentiel plus important par la suite à développer des problèmes de comportement. Si le cortex préfrontal est touché, on va avoir plus de difficultés à gérer ses émotions, on risque d’avoir plus d’impulsivité. On va voir ce genre de choses qui vont apparaître. Et pour finir, et moi je pense que c’est aussi la chose la plus importante, c’est que si on a un animal qui est en stress chronique, il y a des chances que ça réduise son espérance de vie.
Alors là-dessus, je ne veux pas du tout vous faire peur parce qu’il y a quand même pas mal d’études qui ont mis en évidence que même si on a un stress chronique depuis plusieurs années, si finalement il s’arrête au bout d’un moment, les effets bénéfiques vont se faire ressentir tout de suite et l’espérance de vie va de nouveau réaugmenter. Là-dessus, il ne faut pas non plus avoir peur et vraiment mettre son animal dans une bulle, parce que de toute façon, on ne peut absolument pas protéger son animal de tous les stress. Ce n’est absolument pas possible. Mais par contre, il y a des façons de faire pour gérer la situation, lui donner les capacités, créer certaines routines pour certains animaux et faire les entraînements. Et ça, c’est peut-être la chose la plus importante : toujours en fonction de ce qu’il est capable de faire au niveau de sa sensibilité et de ses émotions. Parce que chaque animal va avoir un background, va avoir un développement différent, va avoir un historique de vie, va avoir des antécédents différents d’un autre, va avoir une personnalité aussi différente.
Bref, tout ça, ça va moduler sa façon de gérer ses émotions et sa sensibilité. C’est à prendre en compte quand on fait des entraînements. Là, pour en venir à l’objet aujourd’hui de cet épisode : c’est que tout ça, ça va être à prendre en compte dans l’apprentissage même du vol libre et par extension aussi dans la façon dont l’individu va répondre au stress lors de la pratique du vol libre. Mieux on sait quels sont les points de difficulté de notre oiseau, quels sont les points sensibles, plus on sera en mesure d’anticiper lors de pratique aussi dangereuse que peut l’être le vol libre, parce qu’il y a toujours un risque. Donc, mieux connaître son oiseau, mieux connaître sa sensibilité, mieux connaître ses difficultés va nous permettre d’anticiper, de créer un environnement qui est adapté à cet individu et surtout va nous permettre de moduler également la difficulté à laquelle on l’expose dans sa vie et dans sa pratique du vol libre. Bien sûr, là, en l’espace d’un épisode, on n’a absolument pas le temps d’en faire le tour. J’en parle beaucoup mieux dans la formation sur les fondations du vol libre que je vous recommande. Il reste très peu de place, c’est super complet. On parle de tout ça de façon beaucoup plus approfondie parce que là, je vous en donne un petit aperçu dans le laps de temps qu’on a aujourd’hui. Mais en gros, notre but quand on va faire du vol libre, ça va être d’avoir aussi ces informations-là, parce que si on ne les a pas et qu’on ne connaît pas suffisamment bien son oiseau, finalement, on risque d’avoir des difficultés ensuite à l’extérieur, en vol libre, avec un oiseau qui risque, je ne sais pas moi, de rester accroché en haut d’un arbre systématiquement. Vous allez perdre le contrôle, vous n’allez pas réussir à le rappeler et finalement, vous allez vraiment être en difficulté. Et lui aussi, c’est-à-dire que ce sera une expérience qui est négative.
Donc maintenant que ça s’est dit, c’est bien de savoir que ça existe, mais notre oiseau, il ne peut pas nous dire quand est-ce qu’il va être en difficulté, quel stress il ressent et surtout, il peut pas nous donner une échelle de mesure. Bien sûr que non. Donc nous, ce qu’on va devoir faire avec notre oiseau, et ça fait partie des entraînements qu’on réalise pour justement apprendre à le lire et savoir quelles sont ses propres limites, et nous, comment est-ce qu’on doit moduler également l’entraînement qu’on réalise et la façon dont on va proposer l’entraînement à notre oiseau pour que ce soit adapté pour lui, vraiment pas à un autre oiseau, pour lui. Notre but, ça va être d’apprendre à lire son langage corporel.
La lecture du langage corporel est variable d’un individu à l’autre, d’une espèce à l’autre, d’une personnalité à l’autre et d’un historique de vie à l’autre. En gros, pour résumer, on a tous le même dictionnaire. Par exemple, tous les Amazones à front bleu, pour prendre une espèce bien spécifique, ont tous le même dico, c’est-à-dire qu’ils ont une forme d’inné dans leur langage corporel. Et à côté de ça, il va y avoir des disparités entre individus en fonction de si on regarde tel amazone à front bleu et tel autre amazone à front bleu qui n’a pas du tout eu le même vécu, ils vont avoir des éléments de langage corporel qui vont être totalement différents d’un individu à l’autre en fonction de leur vécu. Pourtant, c’est la même espèce, donc on pourrait se dire que ça se rejoint. Oui, ça va se rejoindre sur certains aspects, mais il va aussi y avoir des disparités individuelles qui sont importantes à prendre en compte, parce que si on ne s’y attarde pas, si on se contente de simplement lire une recette de cuisine toute prête pour cette espèce-là, on risque de se tromper, parce que ce ne sera peut-être pas totalement adapté à notre individu et à ce que ça veut dire pour lui.
Ça, c’est super important. On pourrait tout à fait avoir un oiseau qui, par exemple, pour prendre une situation de stress, au moment où on va approcher la main, il va complètement se tendre, il va freezer. On va voir une espèce d’arrêt sur image, un petit peu une pause dans le temps. Et là, on pourrait se dire « Là, ça va, il arrive plus ou moins à gérer. » Et un autre individu qui va ressentir exactement la même chose et qui lui va soit fuir, soit directement nous attaquer. Pourtant, est-ce que ça dit quelque chose sur l’intensité perçue de la chose qui fait peur ? Là, en l’occurrence notre main qui s’approche, est-ce que ça dit quelque chose sur l’intensité ? He bien, cette information-là ne suffit pas à quantifier l’intensité du stress ressenti à l’approche de la main.
En gros, vous, ce que vous allez faire, c’est vous avez le dico de votre espèce, donc ça, c’est parfait. Ensuite, par rapport à cet individu-là, votre but, ça va être de faire de la collecte de données. Notez tous les éléments de langage corporel que vous pouvez observer sur votre oiseau et qui vont vous donner une information quand vous commencez à avoir une séquence -toujours la même- apparaître. Par exemple, votre oiseau qui se tend. Ensuite, je ne sais pas, moi, les yeux qui commencent à clignoter avec les pupilles qui se rétractent et qui s’agrandissent de façon répétitive. Puis avec l’oiseau qui commence à regarder en arrière. Donc là, ça veut potentiellement dire qu’il veut fuir. Parfois, les plumes vont se plaquer contre le corps. Bref, il y a énormément d’éléments de langage corporel qui peuvent être représentatifs de ce que va ressentir votre oiseau. Et plus vous en aurez vis-à-vis de votre oiseau dans des contextes différents, mieux vous saurez vous adapter à la situation et lui proposer des choses tant qu’il est encore connecté à vous, c’est-à-dire en dessous de son seuil de tolérance. Si on dépasse le seuil de tolérance, le seuil au-delà duquel l’oiseau n’arrive plus du tout à gérer, là, on a une perte totale de contrôle. Nous, on a une perte totale de contrôle sur l’oiseau, mais lui aussi, il a une perte totale de contrôle sur ses propres comportements. Je pense que vous voyez où je veux en venir et toutes les difficultés que ça peut amener dans le cadre de la pratique du vol libre.
Pour résumer ça, en gros, un travail qui est énorme et qu’il faut qu’on s’attarde à faire avec nos oiseaux, c’est ce travail de lecture et d’interprétation de la bonne façon du langage corporel. Au départ, ne mettez aucune interprétation. Contentez-vous simplement de décrire les éléments de langage corporel, les micro-comportements, les micro vocalisations que vous pourriez voir sur votre oiseau dans différents contextes. Vous faites en gros un travail de collecte de données. C’est votre première chose à faire, avant même de mettre une interprétation dessus. L’interprétation ne vient que dans un second temps, en fonction de ce qui se passe dans l’environnement. Ça ne peut venir que dans un second temps, parce qu’on ne peut pas tirer de conclusions uniquement sur la base d’un micro élément de langage corporel, parce qu’on peut tout à fait avoir, je ne sais pas moi, un oiseau qui va cligner des yeux dans un contexte totalement différent, dans un contexte d’intimidation ou dans un contexte d’excitation, voire même positive. Du coup, ce simple petit élément de langage corporel ne suffit pas en lui-même à nous dire ce que ressent l’individu. C’est pour ça que je vous dis, l’interprétation ne peut venir que dans un second temps.
Maintenant qu’on a dit tout ça, je pense que vous comprenez où je veux en venir dans la pratique du vol libre. Parce que concrètement, si notre oiseau est exposé à un stress immédiat pendant qu’on est en sortie vol libre, le risque immédiat, c’est qu’il fasse un vol de fuite. Les comportements automatiques qui sont à la fois innés et parfois acquis sur certains perroquets. Et donc le risque de vol de fuite est important. Et si ce stress continue ou que l’oiseau a ce qu’on appelle une résilience, donc une capacité à se remettre rapidement de ses émotions qui est basse, c’est- à-dire qu’il a du mal à s’en remettre, le risque est qu’il continue en ligne droite son vol de fuite et que du coup, on le perde de vue, que lui, il se perde puisque dans ces moments-là, le cerveau n’était plus en état d’analyser la situation. Tout ce qu’il veut, c’est fuir le plus loin possible de l’élément stressant et donc il risque de se perdre et de ne plus réussir à revenir à l’endroit où vous faites habituellement votre vol libre, parce qu’il n’a pas analysé les lieux. Il n’y est pas allé de sa propre volonté, il n’était même plus conscient. Dans ces moments-là, il faut vraiment vous dire, il est complètement court-circuité.
Ça, c’est vraiment quelque chose qu’on peut voir apparaître dans le vol libre. Et le vol de fuite, de toute façon, et comme je le disais, tous les stress ne sont absolument pas contrôlables. On ne peut pas maîtriser chaque élément de l’environnement. On ne peut pas mettre son oiseau dans une bulle. Ce serait totalement illusoire de penser que c’est le cas. Par contre, on peut préparer son oiseau à faire face à ces situations-là et on peut le faire de plusieurs façons. On peut ce qu’on appelle le désensibiliser au maximum d’éléments auxquels il risque d’être confronté dans l’environnement donné dans lequel on souhaite lui faire pratiquer le vol libre. Ça, c’est une première chose. Ensuite, on peut aussi travailler ce qu’on appelle sa résilience et sa capacité à se remettre le plus vite possible d’une émotion. Ça, ça se travaille en désensibilisation progressive et j’en parle aussi dans la formation, parce que souvent, on se dit « Il suffit simplement d’exposer son oiseau de façon régulière et puis finalement, il va s’habituer» et en fait, ce n’est pas aussi simple que ça. Ce travail-là de désensibilisation, il peut tout à fait être très mal fait, parce qu’il sera fait en flooding, en immersion. Il sera fait au-delà de ce qu’est capable de supporter l’oiseau et on ne règle pas des émotions par plus d’émotions. On va être obligé d’exposer son oiseau à une intensité suffisamment basse pour qu’il soit capable d’y faire face. Ce n’est qu’à cette condition qu’il va petit à petit s’apaiser et pouvoir faire face à la situation de façon de plus en plus efficace, tout en ressentant des émotions parfaitement neutres, voire positives vis-à-vis de ce stimuli qui, avant, provoquait du stress, de la fuite et des comportements d’anxiété, quels qu’ils soient.
La résilience, c’est peut-être une des choses les plus difficiles à travailler, parce qu’en fonction de la vie d’un individu, et comme je le disais tout à l’heure, sa capacité à se remettre d’un événement va fortement être impactée par son vécu, ses antécédents. Plus on a un oiseau qui a eu une vie compliquée, qui a été exposé à énormément de stress chronique, voire parfois avec une impossibilité de s’échapper, et là, on arrive même à de l’impuissance apprise. Alors j’en parlerai pas aujourd’hui, parce que c’est encore une autre catégorie, mais j’en parle aussi dans la formation, parce que c’est très important à prendre aussi en compte. Et plus, on a un oiseau qui a été exposé à du stress chronique très longtemps dans sa vie, plus ça risque d’avoir eu un impact sur ses capacités cognitives et donc aussi sa façon de se remettre des événements qui sont négatifs. En fait, ce qu’il faut, et c’est pour ça que la formation s’appelle les « Fondations du vol libre », c’est qu’on doit aussi travailler à ce que son oiseau soit capable de faire une gestion émotionnelle la plus efficace possible. Et ça, ça se travaille par des entraînements bien spécifiques à des seuils de tolérance qui soient adaptés à cet individu-là. Et donc, évidemment, pas de recette de cuisine ici, ça ne peut être adapté qu’à son propre individu en fonction de son vécu.
Alors bien sûr, potentiellement, ce sera beaucoup plus facile à travailler pour un oiseau qui est jeune, qui est tout juste sevré, qui a six mois, un an, qu’un individu qui a 14 ans, qui a vécu du stress chronique toute sa vie, qui est un oiseau de sauvetage, qui n’a pas eu ses capacités motrices pendant une grande partie de sa vie. Pour cet individu-là, ce sera beaucoup plus difficile, ne serait-ce que si c’est un jour possible de récupérer entièrement des capacités, comme si c’était un jeune oiseau. C’est tout à fait possible que ce ne soit pas le cas. Il faut aussi être réaliste par rapport à ce que nous dit la science aujourd’hui. Mais en tout cas, avoir conscience de ce genre de choses-là nous permet d’anticiper les événements et de s’y préparer et de savoir aussi si la pratique du vol libre serait adaptée à cet individu-là, en ayant un rapport bénéfice/risque qui soit aussi favorable pour que ça ait un maximum de bénéfice et le moins de risque possible. Et j’en viens à un autre point.
Si on a un oiseau qui a une eu justement ces problématiques-là, énormément de problématiques, voire même qui n’a eu aucune problématiques, mais qui a été mis en situation de vol libre trop rapidement, qui a peut-être subit du stress ou un oiseau qui a été mal préparé et qui risque, du coup, potentiellement de subir beaucoup de déclencheurs à l’extérieur, puisque à l’extérieur, il y a beaucoup de choses qui se produisent, quand on sort, il y a énormément de stimuli, alors ça risque de provoquer énormément de stress. Et là, toute la subtilité est de savoir si là, on est dans la catégorie du bon stress, c’est-à-dire que c’est une expérience positive pour l’individu et qu’il est totalement capable d’y faire face et qu’il va en sortir grandi et qu’à mesure de ces expériences positives-là, il va y prendre du plaisir et que ça va être une expérience super favorable pour lui. Ou est-ce qu’au contraire, là, on l’expose systématiquement à du stress répété et répété, parce qu’on veut absolument que son oiseau puisse sortir en vol libre et que finalement, on est en train de faire exactement le contraire, c’est-à-dire qu’à mesure de ses sorties, on est en train de créer de plus en plus de stress toxique et du coup, de créer aussi des anxiétés, c’est-à-dire que l’oiseau anticipe sa sortie à l’extérieur, il en a peur, il commence à crier dès lors qu’il va sortir, par exemple, ça pourrait être tout à fait un élément de langage corporel qui ressort. On pourrait avoir de l’hyper vigilance avec votre oiseau qui n’est pas du tout concentré sur vous, qui est totalement focus sur chaque bruissement de feuilles, sur chaque chose qui peut voler, sur chaque insecte qui va passer à côté de lui, sur le pollen, les fleurs de pissenlit qui volent dans les airs, bref, qui va être totalement déboussolé par son environnement.
Et effectivement, plus il y aura d’éléments à gérer, plus il risque d’être totalement submergé par le flot d’informations à gérer et ses émotions qu’il doit également gérer en même temps. Là, on en arrive vraiment à une problématique, c’est que la sortie vol libre, dans ce cadre-là, elle n’est absolument plus positive pour l’individu. Le risque qu’il y ait, je ne sais pas moi, juste un tout petit déclencheur, un tout petit peu plus important que les autres, par exemple un bruit qui va être banal, que normalement l’oiseau est tout à fait capable d’y faire face, mais là, dans le contexte extérieur, c’est super difficile pour lui à gérer. Et alors à ce moment-là, ça va jouer le rôle de déclencheur et l’oiseau va partir potentiellement en vol de fuite. S’il était déjà extrêmement stressé, voire en stress chronique, les difficultés pour le faire revenir vont être extrêmement importantes. Il risque de rester planté dans un arbre de façon très longue également. Et si vraiment il ne s’arrête pas du tout, la résilience sera proche de zéro et les possibilités pour qu’il que l’oiseau réussisse à revenir, à faire une manœuvre pour revenir vers vous dans ces moments-là, pour reprendre ses esprits, parce qu’une manœuvre, c’est un travail cognitif qui est très important pour un oiseau. Et donc ça lui demande énormément de ressources. Et si toutes ces ressources sont orientées pour gérer son stress, pour gérer ses émotions, pour s’échapper le plus loin possible et le plus vite possible de cette source de stress, alors vous pouvez être sûr que votre oiseau, à ce moment-là, il ne reviendra pas. Et ce n’est vraiment pas parce qu’il ne veut pas, c’est parce qu’il n’en sera absolument pas capable.
Et tout ça, ce sont des choses à absolument prendre en compte avant même d’envisager la pratique du vol libre. C’est « Est-ce que mon oiseau a la résilience nécessaire, a la bonne gestion émotionnelle pour pouvoir pratiquer cette activité, en faisant en sorte que ce soit positif pour lui ? » Pas simplement parce que j’ai envie, mais vraiment parce que pour cet oiseau-là, ça aura un bénéfice, parce que c’est intéressant en soi, le vol libre, ça peut l’être, mais ça peut être aussi très dangereux, voire même très désagréable pour l’oiseau en lui-même. Et donc ça s’évalue aussi en fonction de chaque oiseau.
Vraiment, faites super attention à ça. S’il y a vraiment une recommandation que je peux vous donner, c’est dès aujourd’hui, apprenez à essayer de lire votre oiseau, même si vous vivez avec depuis 10, 15, 30 ans. Vraiment, recommencez cette lecture-là le plus minutieusement possible, quitte à vraiment vous faire un plan, vous écrivez, vous vous faites un code couleur. Quand vous savez à peu près dans quelle zone vous êtes, vraiment, faites-vous un code couleur pour essayer d’arriver à le décrypter de la meilleure façon possible. Parce que chaque oiseau va exprimer ses émotions de façon différente, exactement comme pour nous, on a tous des façons différentes d’exprimer nos émotions. Moi, par exemple, si je suis en colère, je pourrais tout à fait avoir une colère sourde, crier, tout casser, aller courir. Je pourrais faire plein de choses et c’est vraiment propre à chaque individu. Et ça ne reflète pas l’intensité de l’émotion que je ressens. Si je me terrais dans le mutisme, peut-être que je pourrais être extrêmement en colère et d’un point de vue extérieur, ça ne se verra pas. Et pourtant, je suis proche de l’explosion. Et c’est ça qui est très important à prendre en compte. Et ça, ce sera vrai aussi pour nos oiseaux.
Alors évidemment, aujourd’hui, je n’ai parlé que du stress de l’oiseau. Je n’ai pas parlé de l’impact du stress de l’humain dans la pratique du vol libre, parce que pour moi, ce n’est pas ce qui est le plus important. Ce n’est pas vous, en tant qu’humain, qui allez provoquer des problèmes lors de la sortie parce que vous êtes stressé. Évidemment, le but du jeu, c’est que vous le soyez le moins possible, pour avoir les meilleurs réflexes, pour ne pas être en difficulté, vous aussi, face à une situation, pour pouvoir savoir comment réagir à tout moment. Mais je considère que ce stress-là va s’atténuer à mesure que vous allez également gagner en compétence. Donc pour moi, ce n’est pas nécessaire de vous culpabiliser ou de vous dire que si la sortie se passe mal, c’est parce que “c’est votre faute, c’est parce que vous êtes trop stressé et vous n’avez qu’à déstresser” parce que ce serait totalement faux, culpabilisateur et inutile. Moi, mon but, ça va être de vous donner des outils pour comprendre ce qui se passe et donc pouvoir y réagir aussi de la bonne façon. Et c’est d’ailleurs ce qu’on fait dans la formation, mais ne serait-ce que pour aujourd’hui, c’est pour ça que j’ai mis l’accent sur ce qui se passe, sur comment ça se passe, sur comment envisager les premières pistes de travail, parce que plus vous serez outillés et plus vous serez capables de faire face à la situation. Moi, c’est mon but : de vous outiller et plus vous serez outillés et plus vous et plus vos émotions seront sereines, parce que vous pourrez envisager la chose en ayant fait le tour de la problématique et donc en vous y étant le mieux préparé possible.
Il y aurait encore tellement de choses à dire, mais je ne pourrais vraiment pas pas tout résumer. J’ai déjà dû faire un choix aujourd’hui, je suis vraiment allée à l’essentiel. Je n’ai vraiment pas beaucoup de temps pour ce format, mais en tout cas, j’espère que ça vous a plu. J’espère que vous avez appris des choses. J’espère que ça vous a offert aussi de nouvelles perspectives de pensées par rapport à votre oiseau et par rapport à une éventuelle sortie, ou même sans parler forcément de vol libre, ne serait-ce que dans sa vie au quotidien, pour apprendre à mieux le comprendre, c’est toujours utile d’avoir ce genre de compétences.
En tout cas, n’oublies pas que j’ai créé la formation “Les Fondations du vol libre“, c’est la formation francophone la plus complète à ce jour sur la thématique du vol libre. Si tu veux aller plus loin et te lancer en maîtrisant tous ces outils et tous les aspects du comportement aviaire, je ne peux que te recommander de t’inscrire avant la fermeture des inscriptions le 1ᵉʳ octobre.
Si vous avez des questions ou des remarques sur l’épisode du jour, n’hésitez pas à commenter. D’ailleurs, dans la section « commentaire » aussi, vous pouvez tout à fait suggérer un prochain sujet qui vous tient à cœur. Vous pouvez également rejoindre mon Instagram ou Facebook pour plus d’informations, de tips et de ressources gratuites sur l’identifiant @animalethérapie. Vous avez un souci de comportement avec votre animal ou vous avez envie de vous faire accompagner de façon éthique et professionnelle ? Vous pouvez me contacter directement sur contact@animaletherapie.com. Et je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.
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