Marion
Bonjour et bienvenue dans l’épisode 10, déjà, du podcast Animale Thérapie, le podcast du comportement animal. Aujourd’hui, on accueille Marjorie pour parler de NoseWork et notamment son application dans le cadre de chiens réactifs. Bonjour Marjorie !
Marjorie
Bonjour Marion !
Marion
Est-ce que tu peux te présenter un petit peu pour nous dire qu’est-ce que tu fais ? D’où tu viens, quel est ton background et comment tu travailles avec les toutous ?
Marjorie
Tout à fait. Je m’appelle Marjorie Miltenberger, je suis entraîneur de sport canin. C’est un métier un petit peu spécifique. Je ne suis pas éducateur canin, je ne fais pas cette partie-là. Je fais vraiment tout ce qui est activité sportive canine, qu’elle soit officielle ou non, et en particulier aujourd’hui, on va parler du nosework. Je suis instructeur certifié en nosework. Je me suis formée auprès de la Fédération qui a créé l’activité aux États-Unis il y a déjà une vingtaine d’années. C’est la NACSW. J’encadre des équipes sur différentes activités depuis une quinzaine d’années déjà maintenant et depuis les cinq dernières années, principalement en nosework et en dogparkour, je me suis spécialisée avec le temps. Et pour faire juste une toute petite présentation un peu plus personnelle, j’ai la chance de vivre avec trois chiens merveilleux qui, j’espère, vont être sages, qui pratiquent différentes activités avec moi dont le nosework. Et puis, j’ai eu une première vie dans un métier qui n’a absolument rien à voir. Je pense qu’on est nombreux à avoir eu une première vie avant le chien. Et j’en parle parce qu’elle n’est pas complètement décorrélée de l’activité nosework, parce que j’étais ingénieure chercheur en sciences de l’environnement et spécialisée dans la détection des explosifs, donc de tout ce qui est migration des substances dans l’environnement. On n’utilisait pas de chien, bien évidemment, mais quelque part, je retrouve énormément dans l’activité nosework aussi, de choses qui me viennent de mon premier métier.
Marion
C’est vraiment super ce premier parcours de vie. Je n’étais pas du tout au courant. C’est super corrélé, effectivement, entre les deux. Et puis moi, il y a quelque chose que je me dis là, c’est que peut-être les gens qui vont nous écouter ne sont pas tous familiers avec ce type d’activité-là chez le chien. Donc, première question, puisque en plus de ça, je pense que tu pourras donner une réponse assez claire. Qu’est-ce que c’est le nosework avec nos chiens ?
Marjorie
En fait, tout le monde a cette image de la détection opérationnelle. On a tous vu des chiens de douane, des chiens de recherche de stupéfiants aux informations par exemple. Le nosework est une version sportive, ludique, civile, on va dire, de l’activité de détection qui nous vient donc de l’opérationnel. En fait, ce qui est très rigolo parce qu’on parlait de réactivité au tout début du podcast. Ça a vraiment été une activité qui a été développée pour le chien. C’est la grande différence avec la détection opérationnelle, c’est que le chien est au service de l’homme et le nosework a été développé pour mettre cette activité-là au service du chien avec un certain nombre de bénéfices qui peuvent être apportés aux chiens. Ça a été créé de façon assez drôle parce que ça a été développé par trois américains qui faisaient le tour des refuges pour essayer de trouver des chiens qui allaient coller éventuellement avec une activité de détection opérationnelle. Ils faisaient un casting et ils leur faisaient passer des tas de tests et ils ont fait des centaines et des milliers de chiens comme ça. Et ils se sont rendu compte que non seulement tous les chiens avaient des capacités, ça on le savait, mais qu’ils avaient tous vraiment quelque chose à offrir de ce côté-là et qu’ils passaient un bon moment, ça c’était vraiment important. Et puis, ils se sont dit en parallèle de ce qu’on est en train de faire, on pourrait développer une activité, une façon d’approcher les choses pour les chiens de refuge. Et tout est parti de là, parce que forcément, les agents de refuge ont vu ces professionnels travailler avec les chiens des refuges. Ils ont commencé à vouloir le faire avec leurs propres chiens. Et puis ça s’est ouvert à l’extérieur et c’est comme ça qu’a débuté l’activité nosework, qui était vraiment basée à l’origine sur, encore une fois, j’insiste, les bénéfices que peuvent présenter ces activités de flair pour les chiens. Puis de là, forcément, des gens ont voulu tester les chiens les uns vis-à-vis des autres, donc ils ont développé un volet compétition. Et puis l’activité a eu un essor extraordinaire puisqu’ils sont passés de quelques dizaines de pratiquants à des dizaines, des centaines de milliers de pratiquants en une vingtaine d’années. Ça s’est développé vitesse grand V et c’est arrivé jusqu’en Europe avec le développement de cette activité-là, de recherche d’odeurs. Le principe, c’est ça, c’est la recherche d’une odeur spécifique qu’on apprend à notre chien. Voilà en gros ce que c’est que le nosework.
Marion
C’est vraiment super intéressant de voir l’évolution et puis surtout d’où ça part. C’est-à-dire que ça vient de chiens de refuge. Il y a eu vraiment cette transition-là entre l’aspect militaire et l’aspect civil qui s’est fait un peu spontanément, finalement, et surtout cet accent qui est mis sur le bénéfice pour le chien. Et ça, je pense que c’est super important. Et d’ailleurs, c’est de ça dont on va parler aujourd’hui. Question, comment est-ce que ça se travaille le nosework ? Parce que c’est une activité de flair on se dit « le chien sait le faire tout seul. » Est-ce que c’est aussi facile que ça ou est-ce que ça demande un petit peu de travail, un petit peu d’entraînement ?
Marjorie
En fait, tous les chiens savent chercher, on le sait. Ils le font avec plus ou moins de motivation, plus ou moins d’engagement, plus ou moins de stratégie, de conscientisation de ce qu’ils sont en train de faire. Nous, ce qu’on va chercher à faire, c’est à vraiment développer le maximum de boîtes à outils pour le chien en termes de stratégie de recherche, pour qu’il soit le plus à l’aise possible dans toutes les situations qu’il va rencontrer. Ça, ça demande du travail. On n’apprend pas aux chiens à “chercher”. On va développer ces les capacités et notamment les capacités aussi au niveau du traitement de l’information olfactive, pour qu’il soit confortable, efficace, rapide dans l’activité en elle-même. Après, il y a plusieurs façons d’approcher l’activité, c’est-à-dire d’introduire ça, d’apprendre ça à nos chiens. Encore une fois, on va retrouver cette dichotomie entre l’aspect opérationnel et l’aspect civil et ludique, on va dire, parce qu’énormément d’approches qui sont proposées actuellement nous viennent de l’opérationnel et pas forcément de l’origine du nosework. C’est des gens qui vont utiliser les approches, la méthodologie qui est assez courante en opérationnel et qui vont la transposer quasiment telle quelle, avec un minimum d’adaptation à nos chiens de compagnie et à nos chiens de tous les jours qui ne sont pas forcément, eux, des chiens qui ont été sélectionnés pour un travail en opérationnel. À l’opposé, on a la partie vraiment nosework telle qu’elle a été développée. D’ailleurs, ça ne s’appelle pas le nosework, à l’origine, ça s’appelle le K9 nosework. C’est vraiment un terme qui a été déposé. Ils ont développé une méthodologie qui soit justement la plus adaptée possible aux chiens de monsieur et madame tout-le-monde. Parce qu’on est monsieur et madame tout-le-monde. On n’est pas tous des conducteurs d’opérationnel qui avons 15 ans de pratique. On n’a pas tous des chiens qui sont nés pour être extrêmement efficaces dans cette activité. On n’a pas tous des Malinois, des chiens de chasse, de lignées de chasse, justement. On va avoir des shih tsu, des lévriers, des bouledogues, des chiens de berger au sens large des croisées portées fenêtres. Et donc la motivation qu’il y a chez les chiens qui sont nés pour l’opérationnel ou qui ont été sélectionnés pour l’opérationnel, elle peut être potentiellement différente pour nous. On va prendre potentiellement un autre chemin pour amener nos chiens à être efficaces dans l’activité, à prendre du plaisir en utilisant potentiellement des voies qui sont un petit peu différentes de ce qu’on peut voir classiquement pour l’opérationnel.
Marion
Finalement, c’est quelque chose qui demande un petit peu de travail, un petit peu de connaissance aussi, dans la mesure où il faut savoir quel chemin prendre, j’imagine, non seulement vis-à-vis de l’activité en elle-même, mais aussi vis-à-vis de son propre chien. Moi, si demain j’ai envie de me mettre au nosework, vu que c’est de la recherche olfactive, si je prends trois croquettes ou trois bouts de friandises et de knacki, si je les jette dans mon jardin, est-ce que là, je suis en train de faire du nosework ?
Marjorie
Tu seras en train de faire de la recherche de renforçateur primaire qui est une base du nosework, mais tu seras pas forcément en train de construire les choses que tu souhaites construire chez ton chien pour qu’il soit plus efficace sur une recherche. C’est toute la différence entre les activités d’olfaction ou de recherche d’odeurs au sens large et des activités qu’on va vraiment construire avec des progressions conscientes où on veut vraiment que le chien puisse progresser au niveau de sa technique et de sa compréhension. Par exemple, si tu jettes des croquettes dans ton jardin, moi, je le fais quotidiennement, c’est de l’enrichissement et le chien va bien sûr chercher les croquettes, mais l’effort cognitif n’a absolument rien à voir avec le fait de chercher une croquette ou une odeur spécifique dans l’environnement. Pour faire un petit parallèle, c’est un petit peu comme si vous allez au cinéma et que vous arrivez après le début de la séance et quand vous rentrez dans la salle, il va falloir trouver une place de disponible. Dans le noir, bien sûr. Quand vous rentrez dans la salle, s’il y a 10 personnes pour 100 places disponibles, l’effort pour vous pour trouver une place, il va être extrêmement simple. Vous allez un petit peu vous jeter de façon opportuniste sur la première place disponible. Alors que si vous rentrez dans votre salle de cinéma et que sur les 100 places, il reste deux places libres, vous allez devoir trouver les places disponibles et donc développer des stratégies pour la trouver de la façon la plus efficace. Peut-être que vous allez faire rangée par rangée, peut-être que vous allez vous allez vous mettre en hauteur et que vous allez regarder de loin, mais l’effort cognitif que vous allez faire, la stratégie que vous allez développer va être tout à fait différente. C’est exactement ce qui se passe quand on jette une poignée de croquette. Il y a plein de croquettes dans l’herbe et le chien, de façon assez opportuniste, va faire de la fouille, plus que de la recherche. Et puis, si vous mettez une croquette ou deux croquettes à des endroits précis, espacés dans un environnement, le travail de recherche va être vraiment différent pour le chien. Toutes les activités d’olfactions ne sont pas de la recherche d’odeurs au sens large et ne sont pas forcément non plus du nosework. Pour répondre un petit peu à ta question. Juste pour répondre à ta question, est-ce qu’on peut commencer avec trois croquettes ? Oui, mais il faut savoir comment poser nos trois croquettes et qu’est-ce qu’on est en train d’expliquer à notre chien ?
Marion
C’est super merci beaucoup pour toutes ces explications. J’ai adoré ton analogie avec le cinéma parce que je me suis tellement imaginée en train de chercher mes deux places. Moi, personnellement, si je suis désorganisée, je ne fais pas rangée par rangée. Typiquement, si là, j’avais dû, je pense, travailler pour essayer de gagner en efficacité, peut-être qu’effectivement, si j’avais eu un coach à côté de moi, il m’aurait dit « Marion, calme-toi et rangée par rangée, tranquillement, fais-le de façon structurée et tu iras plus vite qu’en essayant de regarder partout et peut-être en mettant beaucoup plus de temps, voire en risquant de se faire piquer la place si on met beaucoup plus de temps. » j’ai adoré cette analogie parce que c’est exactement ça. Donc merci pour ça. Et du coup, je rebondis. Si je comprends bien aujourd’hui, le nosework demande une structure que le simple enrichissement ou la simple fouille n’a pas nécessairement. Ça va vraiment demander au chien d’aller d’un point A à un point B et de lui demander d’activer certaines ressources cognitives que potentiellement soit il n’a pas, soit il n’utilise tout simplement pas habituellement, soit parce qu’il n’en a pas besoin, soit peut-être parce qu’à ce stade-là, de sa vie, il n’en est pas encore capable pour une raison ou pour une autre. Quel avantage ça a pour le chien de faire ce nosework ? On parlait tout à l’heure de bien-être. Quel avantage ça a pour le chien ?
Marjorie
Il y en a énormément. La liste ne va pas être exhaustive. La première chose qu’il faut garder en tête, c’est que l’activité de recherche en elle-même est un renforçateur pour le chien. On sait que ça fait partie des comportements normaux pour le chien. Ils sont nés avec cette capacité de trouver leur nourriture, ça vient quand même de là à la base, ou éventuellement de pouvoir sentir quelque chose à distance. Ils ont cette sensibilité-là et ils ont déjà un traitement de l’information olfactive qui est précâblé, on va dire. Ils ont ce programme qui est installé. Maintenant, l’effort de chercher est quelque chose qui va libérer de la dopamine. Ça active le seeking system. On est dans la libération d’un neurotransmetteur qui est un facilitateur de l’apprentissage, qui est un régulateur de l’anxiété, qui apporte énormément de choses aux chiens si on n’en abuse pas, bien sûr. La première chose, c’est que ça va activer ce seeking system, ce plaisir qu’on a, nous, par exemple, à résoudre un casse-tête ou un puzzle ou un Rubik’s Cube ou même à lire un roman d’espionnage et on veut savoir à la fin si le méchant va être démasqué, de quelle façon, etc. Donc, toute cette anticipation de la complexité et la résolution de problèmes est quelque chose qui est satisfaisant et profondément satisfaisant pour le chien. Ça, c’est vraiment déjà une première chose qui est vraiment importante, qui est primordiale. J’insiste sur l’aspect “recherche”. Ce n’est pas dans le fait de signaler aux conducteurs qu’on a trouvé, ce n’est pas dans tout ça. C’est vraiment sur la partie recherche. Si, en plus, le chien a intrinsèquement, -pour X raisons, ça peut être sa sélection, ça peut être son expérience,- a ce besoin d’explorer, de faire marcher la truffe, on leur donne la possibilité de le faire de façon peut-être un petit peu plus construite que de courir après toutes les odeurs en forêt. Si vous avez un chien qui chasse naturellement, vous allez lui permettre de chasser quelque chose et il va chasser une odeur. Ça peut être une odeur cible spécifique ou tout simplement une croquette. On peut commencer par là ou même son jouet préféré. Et donc de satisfaire ce besoin pour le chien dans des conditions qui sont contrôlées. Moi, j’ai un chien de chasse et c’est vrai qu’elle a ce besoin-là de pouvoir activer la truffe, de suivre des pistes, de suivre des panaches. Et je lui permets, par cette activité nosework, de pouvoir satisfaire à son besoin de façon la plus sécuritaire possible et cadrée de mon côté. Donc du coup, j’ai moins de problèmes en forêt aussi.
Marjorie
Un autre point que je trouve absolument essentiel, c’est le développement de la résilience. Parce que dans chaque recherche, il y a forcément un moment où le chien va se retrouver un petit peu en difficulté parce qu’il ne va pas trouver immédiatement, parce que les conditions d’accès pour remonter à sa source de façon précise vont lui demander de contourner. Il faut quand même qu’il réfléchisse à ça. Ou il va être en train de remonter sur sa source et puis le vent va se lever. Un coup de vent va arriver et il va sortir de l’odeur. Et là, il est « un petit peu perdu » dans sa recherche et il va falloir qu’il rebondisse. Et le simple fait de devoir être confronté à cette forme d’adversité, de surmonter des problèmes, parce qu’on ne peut pas être exactement dans le cas d’une recherche, comme dans un apprentissage sans erreur, il y a forcément des choses qui se passent en permanence. Le chien est perpétuellement un petit peu en difficulté. Il surmonte la difficulté. Et ça, c’est vraiment, je trouve, essentiel parce que ça aide nos chiens à se rendre compte qu’ils sont capables de surmonter beaucoup de choses à construire cette habitude de résilience, tout simplement. Et on a des contraintes dans le quotidien qui font que nos chiens, de toute façon, ils vont être à un moment ou à un autre confrontés à un problème. Donc l’activité est vraiment extraordinaire pour ça.
Marjorie
Je vais juste donner un dernier point, c’est l’habituation à certains stimuli et à la généralisation de l’environnement. On parlait des chiens potentiellement réactifs, un petit peu sensibles. Souvent, l’environnement extérieur peut être pour eux soit une source de très grande excitation, soit un ennemi, parce qu’il y a des tas de stimuli partout qui peuvent les inquiéter. En utilisant l’activité nosework dans différents types d’environnements qui restent bien sûr gérable pour le chien, le but du jeu, ce n’est pas de les mettre en difficulté, on fait en sorte que le monde devienne un immense terrain de jeu et pas forcément un endroit où on se sent mal. On peut aussi faire des associations très positives avec certains types d’environnements ou certains types de stimuli, avec le fait de chercher, qui est un renforçateur. Si on cherche sur un renforçateur primaire, donc au premier stade du nosework, on est aussi en train de faire cette association-là. Vraiment, il y a tout un panel de bénéfices pour le chien qui est à utiliser, qui est à considérer et on peut en user et en abuser avec plaisir. Il n’y a pas trop de contre-indications, finalement. C’est vraiment plus qu’une activité sportive, c’est vraiment quelque chose qui peut apporter des choses aux chiens.
Marion
Justement, tu commences à aborder l’aspect qui nous intéresse aujourd’hui, c’est-à-dire quels sont les bénéfices du travail de nosework dans le cadre de la réactivité. Moi, ce qui m’intéresse, c’est que souvent dans la réactivité, on a le chien qui est finalement déconnecté. Il est complètement déconnecté de l’humain. On passe ce qu’on appelle en zone rouge, donc on parlait de seuil de tolérance sur le premier épisode de podcast. L’idée, c’est que vous avez un chien qui va, en fonction de sa sensibilité, être soit complètement connecté à nous, en zone verte ou à la limite en zone jaune, c’est-à-dire qu’il va être face à des stimuli et potentiellement, ça ne le fait pas réagir ou très peu, ou au contraire, c’est quelque chose qui est associé positivement en termes d’émotion. Ou en revanche, il risque d’avoir extrêmement peur d’un stimulus ou quelque chose qui lui fait peur de façon spontanée, même si à la base, il n’avait aucun mouvement de recul, par exemple. Si, par exemple, il y a un très grand bruit, ça pourrait tout à fait le surprendre. Du moment que ça reste épisodique, ça va, mais si effectivement, il y avait tout le temps des choses négatives qui se passent à l’extérieur, ça pourrait être très compliqué à vivre pour le chien et souvent, c’est quelque chose qui peut arriver. Quand on a un chien, qu’on vit en ville, en centre-ville et qu’on sort finalement qu’il est tout le temps en petite laisse, qu’il a peu l’occasion d’avoir des enrichissements ou de faire des activités, quelles qu’elles soient, qu’il est souvent confronté à énormément de bruit et que, disons, pour une raison ou pour une autre, on a un chien qui est sensible aux bruits, qui est sensible aux mouvements, il y a des voitures qui passent très proches de lui, tout ça fait que la balade va être très compliquée. On peut avoir un chien qui va se mettre à tirer en laisse, qui ne va pas du tout profiter de sa balade et qui ne va pas prendre du plaisir à faire cette balade-là. Ça pourrait être intéressant, dans ce cadre-là, d’introduire des activités comme aujourd’hui, tu viens de nous parler du nosework. C’est quand même super intéressant parce que c’est quelque chose qu’on peut appliquer plus ou moins dans tous les milieux, si j’ai bien compris, et qu’on peut y compris mettre dans un milieu urbain. Évidemment, ça demande un petit peu de préparation, j’imagine, parce qu’on va peut-être pas le mettre sur la route, mais c’est tout à fait « travaillable » dans n’importe quel environnement. Ça, ça peut être intéressant, notamment pour ramener un petit peu d’émotion positive. Tu parlais tout à l’heure de dopamine, tu parlais du fait que c’est auto renforçant pour un chien de “chercher”. C’est exactement ce qu’on cherche à faire, finalement, quand on veut travailler en réactivité. On ne veut pas nécessairement travailler sur les problèmes.
Marjorie
Tout à fait.
Marion
On a classiquement l’habitude de le faire en désensibilisation ou en contre-conditionnement, on veut aussi travailler sur l’humeur et les émotions positives du chien, lui permettre d’être bien et à l’aise dans l’environnement dans lequel on va travailler, même si dans cet environnement-là, il y a des choses très négatives, même si on fait du management. L’idée étant de l’aider à déjà associer à cet environnement des choses positives. Le nosework pourrait être un levier pour certains chiens, pour réassocier peut-être une balade qui était devenue extrêmement négative dans tel contexte. Se dire « Je fais cette balade, je sais qu’à tel moment dans la balade, on va s’arrêter, on va faire cette activité, donc ça va être génial. Je vais pouvoir prendre du plaisir à faire quelque chose alors que jusqu’à présent, finalement, je subissais un petit peu ma balade. » Notre but, ça va être de l’aider un maximum à prendre du plaisir, tout simplement.
Marjorie
Je vais rebondir sur une chose où tu parles justement de l’association positive avec l’extérieur, sur les notions de zone verte, jaune, rouge, etc. Et ça, c’est quelque chose qui est super intéressant parce que c’est aussi quelque chose qui touche le nosework, parce que, même si on souhaite bénéficier de cette activité pour apporter des bénéfices aux chiens et donc potentiellement à des chiens réactifs, c’est très important d’avoir cette notion de zone parce que le conditionnement, il marche dans les deux sens, c’est-à-dire qu’on peut tout à fait amener quelque chose que le chien aime dans un environnement qu’il aime moins en espérant contaminer cet environnement avec une association positive, mais on peut faire l’inverse si on grille un petit peu les étapes. C’est-à-dire que si on amène un chien qui n’a pas encore compris le jeu et qui est encore dans le doute, dans un environnement qui est trop complexe pour lui, et là, on empoisonne l’activité. Ça, c’est quelque chose qui est vraiment intéressant à garder en tête. Dans la progression, c’est toujours important d’apprendre aux chiens les règles du jeu, de lui donner ce plaisir de ce jeu-là dans des milieux sécurisants. Et après, on l’amène tout doucement dans un environnement zone verte où il va pouvoir généraliser. Et puis, éventuellement, potentiellement, si on voit que tout se passe bien, tirer un petit peu vers cette zone un petit peu… On est en dehors de la zone de confort, mais on reste dans un seuil, dans quelque chose qui est tout à fait gérable, et de ne jamais aller au-delà de ce que le chien est capable de proposer. Et comme c’est une activité où le chien… Normalement, il travaille tout seul, c’est-à-dire qu’on l’accompagne. Nous, on a posé les caches, on l’accompagne, on le soutient, mais ce n’est pas nous qui l’amenons d’un point A à un point B. C’est lui qui doit ouvrir les chakras et prendre les choses en main. Et le simple fait que ça vienne de lui, ça nous donne aussi des informations supplémentaires sur comment il se sent. Parce que des fois, les chiens, quand ils ne se sentent pas bien, ils se retournent vers nous ou ils décrochent et on ne peut pas les forcer à chercher. Donc, ça nous donne vraiment une température de là où en est le chien à l’instant T dans cet environnement, qui peut être vraiment intéressant donc c’est aussi un outil presque pour l’humain, pour savoir si le chien est confortable dans cet environnement, pas tout à fait, mais il est capable de faire des choses, ou il est complètement hors des clous et là, il faut arrêter quoi qu’il arrive. Activité qui a des bénéfices ou pas, il faut le sortir de là.
Marion
C’est super intéressant ce que tu dis parce qu’il y a quelque chose que je n’ai pas mentionné, mais que j’ai déjà mentionné préalablement dans d’autres épisodes, c’est qu’un chien ne peut pas apprendre à partir du moment où il est en zone rouge, à partir du moment où vous le voyez déconnecté, à partir du moment où il commence à réagir. En réactivité, on peut obtenir tout un tas de comportements. La réactivité, ça reste une étiquette, mais on peut très bien avoir un chien qui se jette sur les voitures, qui aboie en bout de laisse, qui s’étrangle même. On sait qu’en réactivité et en conditionnement répondant, la conséquence n’a plus d’importance. Même si votre chien s’étrangle, il va continuer à s’étrangler tant qu’il est soumis à la même intensité de stimuli. Si on veut implémenter quelque chose de positif, c’est un passage obligatoire : on sait où on veut aller, mais effectivement, comme tu dis, il faut absolument commencer à travailler dans un environnement qui est serein. Déjà, d’une part, pour éviter que l’activité en elle-même devienne empoisonnée et annonce l’arrivée future, par exemple, des choses négatives à venir, mais aussi et surtout pour permettre à l’apprentissage d’avoir lieu.
Parce que sinon il va peut-être faire de la fouille, il va peut-être très rapidement se déconcentrer et on peut aussi avoir des phénomènes de frustration parce qu’il n’y arrive plus et il va être en échec systématique. Donc non seulement il risque d’être dans un environnement difficile, mais en plus, il risque d’être en échec systématique. Donc frustré, donc plus envie de le faire déjà, il y a cette chose-là. Et puis ensuite, ça va se ressentir aussi et ça va impacter la balade. Donc finalement, il n’y a pas d’autre choix et on le sait à partir du moment où on travaille avec un chien qui est réactif et qui est sensible à un ou plusieurs stimuli, de travailler dans un environnement serein, détendu, zone verte. Au départ, vraiment, si on commence à la maison, on commence à la maison. Si on est en appartement et qu’on veut commencer par là parce qu’il se sent très bien à la maison, on commence à cet endroit-là. Tu me dis si je me trompe hein, mais en tout cas, c’est ce que j’aurais fait en réactivité. Sans parler nécessairement de nosework, tout simplement comme n’importe quelle autre activité ou n’importe quelle chose qu’on veut travailler avec son chien, on prend en compte l’état émotionnel du chien et là où lui, il en est. J’adore que tu soulignes le fait qu’une fois bien implémenté, ça peut aussi nous servir d’indicateur sur l’état émotionnel du chien. Où est-ce qu’il en est ? Est-ce qu’il arrive à faire ce qu’il fait normalement quand il est super détendu dans des environnements super bien ? Ou est-ce qu’il n’y arrive pas ? S’il n’y arrive pas, est-ce que c’est parce que mon activité est trop dure ? Est-ce que c’est parce que peut-être j’ai fait quelque chose de trop difficile ? Je lui ai demandé quelque chose de trop dur d’un coup ? Ou est-ce peut-être parce que là, il y a trop de stimuli qui le déconcentrent totalement, qui le font monter très fort en valeur émotionnelle et on sait que quand le chien est en zone rouge, il arrive plus à se concentrer. C’est une histoire de capacité cognitive. C’est juste physique. On ne va pas faire un cours de neurosciences aujourd’hui, mais en gros, quand on a un chien qui est en zone rouge, il peut tout simplement plus se concentrer – avec toute proportion gardée -, mais ça reste difficile. Plus le comportement aura été bien répété, plus il y arrivera, mais de toute façon, on veut que l’activité reste positive et pour ça, il faut y aller tranquille quand on l’introduit dans des milieux compliqués pour notre chien.
Marjorie
Tout à fait. J’approuve, il faut commencer dans des environnements confortables pour le chien en étant progressif. Au début, on leur apprend les règles du jeu, qu’ils prennent plaisir à découvrir les choses. Et puis après, au fur et à mesure, on incrémente un petit peu. Mais tu as souligné un point intéressant quand tu dis quand le chien n’y arrive pas en extérieur, est-ce que c’est l’environnement, l’état émotionnel du chien ou est-ce que c’est la difficulté de la recherche ? Ça, c’est un point clé pour cette activité-là. C’est l’une des activités les plus complexes que je connaisse pour ce qui est de savoir ce qu’on pose pour le chien, qu’est-ce que ça va représenter. Et là, ça demande vraiment aussi énormément de connaissances de la part de l’humain, que ça soit votre entraîneur, que ça soit vous quand vous vous entraînez seul, pour savoir ce qu’on pose et si c’est dans la gamme de ce que le chien est capable de déjouer comme situation à l’instant T. La progression est vraiment essentielle. Effectivement, ce n’est pas juste « Je vais poser une croquette sur un banc » et puis « advienne que pourra. » Parce que si le banc à des lattes ouvertes, si le banc est plein, s’il y a du vent, s’il n’y a pas de vent, suivant le revêtement qu’il y a au sol dessous, tout va changer pour le chien. Il y a vraiment ce travail-là à faire. Je rajoute une chose, c’est quand on commence à travailler en extérieur… Personnellement, moi, je fais travailler les chiens en extérieur quasiment tout de suite, sur des bébés recherches, on va dire, mais vraiment très très vite. Quand on travaille dans un environnement qui, potentiellement, est un peu complexe, c’est l’environnement qu’on travaille, ce n’est pas la recherche. Donc, on revient sur des choses qui doivent être les plus simples possible. Ce qu’on veut, c’est construire du succès, une habitude de succès, le plaisir de l’activité, que le chien peut en tirer, dans cet environnement-là. On n’est pas en train de travailler des choses techniques.
Marion
Tu mentionnais justement le fait que ça demande énormément de connaissances pour le conducteur ou si on se fait accompagner par un coach, à priori, on est guidé de A à Z. Mais si moi, j’ai envie de me lancer avec mon chien et de faire du nosework, est-ce que là, comme ça, je vais y arriver spontanément, simplement en me disant « Je vais jouer sur le flair de mon chien et j’imagine certaines choses. » Est-ce que n’importe qui, finalement, peut se lancer en se disant « Je sais que ça a énormément de bénéfices, j’aimerais en faire profiter mon chien. » Du coup, je vais simplement prendre mes croquettes et imaginer, moi, ce que je pourrais en faire avec mon chien ». Est-ce que ça fonctionne ?
Marjorie
Ça peut fonctionner parce que vous pouvez avoir beaucoup de chance, vous pouvez avoir un chien qui est naturellement très motivé et qui a déjà énormément de stratégie et qui est très résilient. Donc, si ça fonctionne pas tout de suite, si vous avez posé trop compliqué, il va quand même essayer jusqu’à y arriver. Ça peut tout à fait fonctionner. Dieu merci. Sinon, je pense que plus personne n’essaierai chez soi. Mais vous avez aussi énormément de situations où vous pouvez vous tirer une balle dans le pied parce que vous ne comprenez pas ce que ça représente pour votre chien. Vous avez un chien qui n’est pas forcément spécialement motivé par l’odeur ou vous allez peut-être le mettre en difficulté trop souvent, demander des recherches trop longues, trop complexes, oublier l’aspect développement et développement de la motivation, notamment. Et vous pouvez soit ne pas bien progresser, soit même régresser en fonction de ce que vous allez poser ou pas. Moi, je conseille toujours de se faire encadrer, tout ce qu’on a simplement parce qu’il y a des gens dont c’est le métier d’avoir justement appris à doser une progression en fonction de votre équipe. Par contre, il y a des exercices qui sont faciles à mettre en place parce que le type de scénario est relativement clair pour le chien. Souvent, les gens le zappent parce que ça leur paraît trop facile. C’est mettre des croquettes dans des cartons, ce qu’on appelle vraiment un boxwork. Vous recevez des cartons, des colis, vous gardez des cartons, vous avez des boîtes, vous avez des seaux, vous avez des chaussures. Tout ce qui est contenant qui va confiner un tout petit peu l’odeur, rendre l’odeur très claire. Vous pouvez jouer avec ça en intérieur, dans votre salon et déjà introduire énormément de techniques, énormément de réflexes chez le chien avec un scénario qui va être relativement maîtrisé. C’est plus difficile de se tromper en boxwork que quand on pose une cage directement dans l’environnement.
Marion
Il y a cet aspect aussi que tu évoquais tout à l’heure et que je pense, vaut le coup là tout de suite de le rappeler, c’est que si on introduit cette activité-là pour le chien, c’est pour le chien, justement. C’est pas pour une recherche… Enfin, ça pourrait, mais en l’occurrence, c’est avant tout pour le chien. En tout cas, moi, je le vois comme ça, c’est avant tout pour le chien et avant même de faire une recherche de performance. Le problème, c’est que la recherche de performance, donc de pouvoir dire « Oui, mon chien a réussi à chercher tel truc à telle distance, à telle profondeur », peu importe, et finalement oublié l’aspect « Est-ce que mon chien prend du plaisir ? Comment il se comporte pendant cette activité-là ? Est-ce que je vois une progression relativement linéaire ? » Tu parlais tout à l’heure du fait qu’il est impossible de ne pas faire d’erreur, mais malgré tout, j’imagine qu’il faut quand même qu’on ait une jolie courbe de progression, même si elle n’est pas linéaire. De toute façon, en entraînement, c’est rarement le cas, même quand on essaye de faire de l’errorless training. L’idée étant de ne pas oublier l’aspect bien-être de son chien avant tout. Et même si de temps en temps, on fait des choses extrêmement simples et qu’on se dit « Mais ça ne sert à rien, mon chien sait le faire. » Est-ce que ça ne vaut pas quand même le coup de le mettre en place, tout simplement pour justement développer cet aspect bien-être pour son chien, réenclencher de la dopamine dans son cerveau, garder l’aspect motivationnel, tout ça.
Marjorie
Bien sûr, tout à fait. Dans les sports canin, il y a une maxime qui dit que quand on est débutant, on veut faire des choses de niveau avancé parce qu’on trouve ça hyper sexy, et quand on est de niveau avancé, ce qu’on veut, c’est travailler sur les bases. C’est vraiment ça. Quand on commence une activité, on a cette image de certaines choses qui sont hyper sexy à regarder et c’est ce qu’on veut faire. Et malheureusement, aucune activité n’y échappe. On est construit comme ça, on a envie de faire comme ce qu’on voit sur les vidéos, etc. Et en fait, plus on progresse, plus on se rend compte que ce qui est important, c’est les bases qu’on met en place, les fondations. Toujours revenir sur nos gammes, sur le développement de la motivation, sur le bénéfice pour le chien. Et on peut tout à fait être en quête de performance quelque part. Il n’y a pas de contre-indication à avoir envie de progresser. Par contre, effectivement, il ne faut jamais perdre des yeux ce que ça représente pour le chien.
Et effectivement, quand on connaît l’historique du nosework, qu’on sait que ça a été développé pour ça, mais ce n’est pas forcément très bien connu. Les Américains le savent parce qu’ils ont vu la création de l’activité. En Europe, ce n’est pas forcément quelque chose dont on sait d’où ça vient et quel est l’objectif pour le chien. On va rechercher de l’indépendance, on va rechercher de la motivation, on va rechercher de la résilience, on va rechercher de l’adaptabilité chez le chien, une prise d’autonomie dans ce qu’il est en train de faire. Normalement, c’est les piliers de l’activité. Et si on va à un moment ou à un autre dans une quête de performance qui va abîmer ces piliers-là, on n’est presque plus dans le scope. C’est essentiel de garder ça en tête. Il faudrait peut-être se faire un t-shirt pour ne pas l’oublier, parce que quand on progresse, on a tendance à l’oublier. Donc on ne regarde le t-shirt qu’avec les piliers du nosework. Et puis revenir sur les fondamentaux, c’est ce qui va construire la performance à terme. Même si on est branché par cette idée de progression, c’est la solidité des bases, le fait d’y revenir régulièrement qui va permettre que le chien consolide les acquis et puis puisse être le plus performant possible, puisque c’est la question. C’est vraiment quelque chose qui est essentiel. On pense toujours à la courbe de progression, mais la consolidation, elle devrait être vraiment au cœur de nos préoccupations, parce que si on ne fait que complexifier les choses, chaque fois que le chien réussit quelque chose, qu’est-ce qu’on fait ? On fait plus difficile. Et je pense que c’est la pire façon de les remercier et de renforcer leur progrès. Il faut toujours revenir s’ancrer dans nos zones de confort. C’est aussi vrai pour les chiens réactifs. Si on les sort en permanence de leur zone de confort, il y a un moment où ils vont lâcher. On peut retrouver vraiment des parallèles dans ces problématiques-là, même si elles sont très différentes à la base.
Marion
En pièce. Bien sûr. Tu as évoqué le fait de consolider et ça fait tilt dans le cerveau. En réactivité, on travaille rarement, en tout cas, moi, je ne travaille pas comme ça, en ligne droite, justement, vers la difficulté. C’est ce que tu disais, justement, on ne va pas s’approcher en ligne droite à chaque séance, on ne va pas faire 25 mètres, 20 mètres, 15 mètres, 5 mètres, jusqu’au stimulus qui pose problème parce qu’on a besoin de consolider. Et quand je dis « consolider », ce n’est pas simplement… Ça passe par la répétition, mais ça passe aussi par la consolidation émotionnelle. C’est-à-dire qu’une fois qu’on a acquis un endroit où le chien se sent assez bien, on commence à voir vraiment de la détente, on commence à voir qu’il est capable de faire autre chose, de sniffer au sol, de finalement passer ses propres besoins en priorité avant d’être en vigilance sur le stimulus qui lui pose problème, etc. Et souvent, quand on en a à ce stade-là, l’erreur qu’on a tendance à faire, c’est tout de suite essayer de s’avancer très, très vite vers le stimulus problématique, parce qu’on veut s’approcher vite, on veut du progrès, on a envie de voir ça. Et en réalité, ça rejoint ce que tu vas faire en nosework où tu vas retravailler les bases à un moment donné. Là, l’idée, c’est de faire la même chose, c’est de ne pas aller en ligne droite vers le stimulus en question, voire même de temps en temps, ne tout simplement pas travailler, ne pas associer une sortie à un travail, mais tout simplement sortir et faire une balade « win », si je peux dire, où on va tout simplement, par exemple, faire une activité qui plaît à notre chien et la balade ne sera pas dépendante d’un travail qui va demander au chien de le mettre émotionnellement un petit peu en difficulté, parce qu’on va titiller ses émotions quand on va essayer de le désensibiliser à un stimulus, quel qu’il soit, de temps en temps, on a envie de faire une balade et on ne le confronte pas. On fait juste une activité et on ne le confronte pas aux stimulus ou aux stimuli qui sont problématiques, tout simplement pour consolider le fait qu’à l’extérieur, on fait des choses positives. Et ce n’est qu’à ce prix qu’on va construire une valence émotionnelle positive à l’extérieur et que non seulement l’activité qu’on va mettre en place sera de plus en plus appréciée, mais aussi que le travail en réactivité sera de plus en plus efficace.
Et je pense que c’est quelque chose que tu retrouves au sein même du travail nosework, sans forcément parler de nosework dans la réactivité, mais tout simplement au sein même du nosework, de temps en temps, tout simplement faire des choses que le chien, il connaît déjà, qu’il apprécie, de revenir un petit peu, de ne pas toujours avoir cette recherche de difficultés supplémentaires. Ça rejoint un petit peu la recherche de progression et c’est quelque chose qu’on voit aussi en réactivité. Je pense qu’il n’y a pas grand- chose qui échappe à la règle, honnêtement. Là, comme ça, je ne pense certainement pas à tout, mais en tout cas, même en anxiété de séparation, on ne travaille pas en ligne droite vers la difficulté, ça ne fonctionne pas. Le risque de crash à un moment donné est important.
Marjorie
Il y a un moment où il faut mettre l’organisme au repos et le repos, soit on ne lui demande pas de chercher, on le laisse souffler, soit on reste vraiment dans l’archi-zone de confort, de façon à ce que ça ne demande que le minimum d’efforts à l’organisme, que ce soit émotionnellement ou même physiologiquement. Tu sais, je fais souvent le parallèle, moi, je suis en train de reprendre le sport. Je ne vais pas dire mon âge, mais je suis plus à l’âge où on commence le yoga que le parapente, on va dire. J’ai très envie de pouvoir recourir comme je le faisais il y a quelques années et j’ai tendance à effectivement aller m’entraîner trop souvent pour essayer de voir des progrès rapides. Si je ne fais pas ça, je ne mets pas mon corps au repos régulièrement, qu’est-ce que je vais faire ? Je vais, un, pas progresser, je vais me fatiguer. Pour moi, ça va devenir de plus en plus pénible de progresser, donc je vais perdre le plaisir que je cherchais dans le fait de me remettre au sport. Et puis, je vais me blesser. Et on peut avoir des fractures de fatigue, des fractures nerveuses chez nos chiens, dans la mesure où si on ne laisse pas l’organisme au repos régulièrement, effectivement, le système nerveux, il n’arrive pas à tout gérer. Il n’a pas le temps de revenir à l’homéostasie. Et c’est pareil pour l’effort cognitif ou même l’effort physiologique qu’il peut y avoir sur une recherche ou dans n’importe quelle activité sportive canine. On a besoin de laisser le chien un moment souffler. Sa permet aussi au corps d’intégrer tout ce qu’il a appris. Vraiment, ces moments repos, ils sont absolument essentiels. Et les moments réguliers dans la zone de confort, ils sont aussi essentiels. Tout ça, pour ne pas être tout le temps en train de tirer sur la corde.
Marion
Du coup, je reviens sur l’aspect réactivité et nosework. Il y a un aspect dont tu as parlé pour le nosework qui m’intéresse particulièrement, c’est que le fait que le nosework, plus on va le répéter, plus on va permettre que le chien accède facilement, arrive à développer de nouveaux outils, arrive à se concentrer et peut-être même que ça devienne une forme d’automatisation, c’est-à-dire qu’il ne va pas conscientiser le fait qu’il utilise telle ou telle stratégie pour arriver à son objectif. Tu me dis si je me trompe.
Marjorie
Tout à fait. C’est vraiment quelque chose qui est réel et qui est vraiment important, c’est la fluidité. Des fois, on parle de recherches qui sont faciles, mais une recherche n’est jamais facile. Elle va être plus ou moins dans la zone de confort du chien, adaptée au niveau du chien. Il y a un moment où effectivement, le chien n’a plus besoin de conscientiser ce qu’il est en train de faire. Il est dans la compétence inconsciente presque, et on le voit donner un coup de nez à droite, un coup de nez à gauche et il en a déduit que c’était cinq mètres derrière lui. Ça fait partie des moments où la maîtrise est telle qu’il n’y a plus le même effort cognitif. C’est une réalité, ça, oui.
Marion
Et ça, c’est super intéressant et c’est là-dessus que je voulais mettre l’accent aussi, c’est que si c’est bien implémenté, bien travaillé, tant en termes d’émotions que de valences positives que de répétitions qui sont faites au maximum dans la réussite, etc, qui est à chaque fois bien implémenté, c’est-à-dire aussi en fonction du niveau du chien, c’est à partir de là où on va peut-être pouvoir commencer à l’implémenter dans la réactivité. Parce que la réactivité, justement, la problématique, c’est que ça fait appel au système nerveux sympathique, donc on réagit tout de suite. Ça ne passe pas par la conscience. Par exemple, si on me fait « bouh ! », je vais sursauter. Je n’ai pas eu le temps de passer par la phase de conscience en me disant « Alors, qu’est-ce que je dois faire quand j’entends « bouh » ? » Non. En fait, tout de suite, il y a une réponse immédiate du corps, au même titre que si, par exemple, il y a un courant d’air frais, je vais peut-être avoir la chair de poule, je vais peut-être me réchauffer avec les mains, je vais peut-être faire ce genre de choses-là, et ça ne passe pas par la phase de conscience. Et heureusement, parce que si on devait traiter de façon consciente absolument toutes les informations qu’on reçoit, ce serait très compliqué, évidemment. Mais si on arrive à libérer le cerveau en ayant répété une activité tellement bien, qu’on arrive presque à la faire devenir automatique, l’implémenter ensuite dans un certain cadre de travail va être d’autant plus facile. Moi, c’est ce qui m’intéresse en réactivité, c’est aujourd’hui, il y a énormément d’aspects qui sont automatiques vis-à-vis de certains stimuli dans la réactivité. Vous avez votre chien qui répond ou qui réagit directement face aux autres chiens, qui réagit face aux voitures, qui réagit face à un jogger, peu importe la raison. Et encore une fois, faites-vous accompagner, ce n’est pas une recette de cuisine aujourd’hui. C’est pas du tout ça. Là, on parle juste d’un tout petit aspect qui peut être intéressant à implémenter pour les chiens réactifs. Mais malgré tout, faites-vous suivre parce que c’est souvent beaucoup plus complexe que ça. Mais en tout cas, souvent, en réactivité, on a cette perte du cerveau. On a le cerveau qui passe dans la zone rouge et après, le chien est complètement perdu. Et on voit bien que là, la réaction est automatique. On voit bien que ça passe pas par la phase de conscience et pourtant, les dégâts sont quand même assez réels. C’est-à-dire qu’il y a des émotions très négatives. Il faut souvent du temps ensuite pour redescendre en pression, même après la fin de l’exposition au stimulus, quel qu’il soit. Et l’avantage du Nosework, et c’est là que je voulais y venir, c’est que ça pourrait être utilisé, notamment dans aussi le cadre de management. Ça peut être comme une activité comme ce dont on a parlé au départ, mais aussi en tant que stratégie de management. Si votre chien sait super bien réagir à ça, donc dès qu’il y a une odeur, je me concentre dessus, etc, évidemment, ce sera beaucoup moins bien construit que quand vous faites effectivement l’activité nosework, mais en revanche, ça peut aussi être utilisé en tant qu’activité de management. Le management, c’est quoi ? C’est essayer de ne pas exposer son chien au-delà de son seuil de tolérance tant qu’il n’est pas capable de gérer, parce que ça provoque tous les comportements et les émotions dont on a parlé plus tôt. L’idée, c’est que, par exemple, on va croiser un jogger, on a une route très, très petite, on sait qu’on va croiser au-delà du seuil de tolérance. On le sait. On n’a pas le choix, on ne peut pas faire demi-tour pour une raison X ou Y, il n’y a pas de chemin annexe. On est piégé, on va devoir faire ce croisement et on commence à voir notre chien qui le regarde. Avant même que notre chien commence à monter très fort dans les tours, ce qu’on pourrait faire si votre chien, il connaît le nosework, qu’on soit bien clair, là, on reste très, très, très, très, très simple. On ne va pas faire l’activité nosework tout de suite, surtout pas au moment où il va être confronté fort à ça. Mais ce que vous pouvez faire, c’est par exemple prendre vos croquettes ou les choses avec lesquelles vous travaillez habituellement et le mettre sur un côté et l’implémenter de sorte à ce qu’il puisse se concentrer dessus et ne pas se concentrer sur le jogger qui va passer, de sorte à ce que non seulement on passe pas en zone rouge, tout se passe comme s’il avait même pas vu le jogger. C’est l’idée. Bien sûr qu’il va le voir, bien sûr qu’il a conscience de ce qui se passe, qu’on soit bien clair et il faut pas en abuser parce que, encore une fois, on titille l’émotion dans ces moments-là, mais ça peut vous permettre d’éviter les déclenchements qui peuvent être vraiment délétères sur votre progression. Parce que, encore une fois, ça va le faire monter très fort, au-delà de ce qu’il est capable de gérer à cet instant T dans son protocole. Ça peut être intéressant de l’implémenter dans ces moments-là. Je ne sais pas ce que tu en penses, toi ?
Marjorie
Tout à fait. Moi, il m’arrive l’inverse ! C’est-à-dire qu’il y a des fois, comme on travaille beaucoup en extérieur, on est souvent dans les espaces publics et on a parfois des stimuli qui nous arrivent, des gens qui passent, etc, qu’on n’avait pas forcément anticipé, donc on surveille. Mais ça nous arrive très régulièrement de nous retrouver avec un chien qui est lancé dans une recherche et qui ne va absolument pas voir qu’il y a une voiture télécommandée qui vient de lui passer à 30 centimètres au ras des fesses avec un enfant qui court derrière, parce qu’il est concentré sur ce qu’il est en train de faire. C’est deux choses différentes. C’est marrant que tu parles de ça. Il y a le fait que le chien ne voit pas, finalement, le stimuli gênant parce qu’il est enfermé dans ce qu’il est en train de faire et un chien qui est concentré sur l’olfaction, le visuel diminue. Ça, c’est vraiment une chance en plus pour les chiens qui sont très sensibles aux stimuli visuels. Ça nous permet de ne pas avoir de problème à des moments où on pourrait en avoir un. Et puis aussi de faire l’inverse, c’est-à-dire que le chien ai conscience de la présence du stimulus qui le gêne et de l’inviter à se lancer sur une recherche.
Et ça, c’est quelque chose que je fais moi-même avec un de mes chiens. Je peux te raconter si tu veux. J’ai Birdie notamment, qui est hypersensible aux bruits, à certains bruits. C’est un chien de berger, lignée de travail avec un niveau de sensibilité qui est ce qu’il peut être. Il y a certains bruits étranges, je ne sais pas pourquoi ceux-là plus que d’autres, elle va les marquer. Et je travaille un petit peu sur le déconditionnement au stimuli auditifs avec le nosework, mais sur des phases où je travaille sur renforçateur primaire. C’est pas même pas la peine de le travailler sur odeur. Par exemple, je prends un aspirateur et je vais l’allumer dans une autre pièce, par exemple dans ma chambre à coucher, et je vais faire une recherche très simple dans le salon. Il va y avoir un bruit de fond, mais c’est vraiment un bruit de fond pour le coup. Si ça se passe bien, je vais éventuellement me retrouver avec l’aspirateur dans la même pièce, dans un coin et dans l’autre coin de la pièce, je vais avoir la partie recherche. Le chien a conscience de ce qui se passe et je vais regarder comment elle réagit. Si elle est dans un état nominal et qu’elle travaille quasiment aussi bien que s’il n’y avait pas le bruit, je dis “OK, c’est que ça se passe bien”. Si je vois qu’elle est un petit peu perdue ou moins efficace ou qu’on voit qu’une partie du cerveau est absorbé par ce stimulus-là, je vais le rereculer parce que je suis allée un petit peu vite. À terme, ce que je vais essayer de faire, ce n’est pas d’avoir le chien qui cherche sur l’aspirateur. Ça, ça ne m’intéresse pas. On n’est pas encore toujours dans la proximité. Ce que je veux, c’est le chien qui soit capable de faire plus compliqué, en termes de recherche, avec la présence de l’aspirateur dans la même pièce. Je vais jouer sur l’effort cognitif en ayant cette gêne derrière, plus que sur le fait que d’absolument impliquer un contact ou une interaction entre ce qui lui pose réellement souci et le chien. C’est quelque chose sur lequel je vois des progrès. J’ai d’autres problématiques avec, par exemple, Steady qui est une sorte de réactive humains. Elle est très branchée par les humains. C’est des réactions très positives, mais c’est des niveaux émotionnels qui sont très hauts.
Marjorie
La voir qui est capable de chercher à côté d’une dizaine de personnes, voire même les gens sont sur la zone de recherche, ça a été un travail sur plusieurs mois pour qu’elle arrive à se concentrer dans ces moments-là, même si on n’avait pas de risque pour les gens, qu’elle soit capable de faire la distinction entre « les gens sont là, mais j’en fais abstraction, ils font partie des meubles quand je recherche » Ça l’a aidé à mieux gérer les gens qu’elle peut croiser au quotidien maintenant.
Marion
C’est super que tu parles de ça, justement, parce que… Là, je ne l’ai pas mentionné, souvent, quand on parle de réactivité, on parle soit d’agressivité, soit de peur. Moi, je considère que c’est des réactions très, très, très fortes qui risquent de mettre en danger soit les gens, soit le chien dans son environnement, parce que, par exemple, là, en l’occurrence, il verrait des humains, il traverserait la route, ça le mettra en danger. Même si en soi, ce n’est pas méchant, comme souvent on aime bien dire cette étiquette-là, ni particulièrement problématique au quotidien, mais ça peut le mettre en danger. Il y a des gens qui peuvent avoir de mauvaises réactions et si, par exemple, c’était dirigé sur les chiens, pareil, ça pourrait aussi créer d’autres problématiques. Ma définition, j’en parle dans l’épisode dédié, mais il y a certainement des personnes qui nous écouteront aujourd’hui qui ne l’auront pas écouté. Ma définition de la réactivité, c’est réagir de façon trop intense à un stimulus de sorte à ce qu’on perde le contrôle. Ce n’est pas ni peur ni agressif. C’est simplement, j’ai perdu le contrôle de mes propres comportements dans ce genre de cas-là. Exactement ce que je décrivais tout à l’heure où, par exemple, on me dit « bouh ! », j’ai sursauté. Là, en l’occurrence, c’est peut-être parce que ça m’a surprise. Il pourrait y avoir de la peur, il pourrait y avoir d’autres choses comme émotions. Ça va certainement dépendre des gens. Ça va certainement dépendre aussi des contextes. Si on me fait “bouh” quand je suis dans une maison hantée, je vais certainement avoir plus peur que si je suis chez moi dans ma chambre parce que l’environnement joue. Mais en tout cas, il y a cette notion-là derrière de réaction automatique, quel que soit le stimulus en question. Essayer de travailler ça -et c’est super intéressant ce que tu dis- avec un autre comportement qu’on va essayer de tellement bien répéter, tellement bien implémenter, tellement bien mettre en valeur pour le chien qu’il va devenir aussi, pas toujours, mais relativement automatique. C’est-à-dire que quand on met le chien dans les bonnes conditions, il se dit « Voilà, là, je sais ce que j’ai à faire. J’aime ça, donc je vais le réaliser », même s’il y a telle ou telle chose à côté. Évidemment, il ne faut pas qu’on voit de signaux de stress et tout. C’est ultra positif et ça permet au chien de gérer différemment. Ça permet de casser aussi cet enfermement qu’il peut y avoir vis-à-vis de tel ou tel stimulus. Puisque tu disais « Moi, je vais chercher à faire en sorte qu’elle fasse des choses plus compliquées pour Birdie. Je vais chercher à faire en sorte qu’elle fasse des choses plus compliquées qu’en temps normal, en ayant le bruit de l’aspirateur en fond. Ça aussi, c’est intéressant parce que ces réactions, dans ce contexte-là, ce n’est pas tant d’associer le bruit de l’aspirateur à l’activité en tant que telle que le fait que ça te donne une information aussi sur son traitement de la distraction “aspirateur”.
Marjorie
C’est exactement ça. Si elle n’est pas assez à l’aise, elle ne pourra pas faire plus compliqué. Vraiment, ça me sert d’indicateur et c’est ce qui va me dire qu’à terme, effectivement, ce bruit-là, potentiellement, ne sera plus un problème, parce qu’elle serait capable de fonctionner de façon nominale avec la proximité. Ce n’est pas augmenter la proximité qui m’intéresse, c’est diminuer l’état émotionnel et la place de cerveau que ce stimulus est en train de bouffer chez mon chien qui m’intéresse. Je ne vais pas travailler sur la proximité, l’interaction avec le problème, mais avec le fait que c’est redevenu quelque chose qui est dans la norme, tout simplement. Je rebondis juste, on a la même définition de la réactivité. Pour moi, ce n’est pas effectivement le fait que ce soit une valence positive ou négative, c’est le niveau d’intensité émotionnelle qui fait que le chien n’est plus aux commandes de ce qu’il est en train de faire. C’est pour ça que je parlais de réactivité positive, on va dire, pour Birdie. C’est la même problématique qu’un chien démarre pour faire la fête ou qu’un chien démarre pour choper les gens. Quelque part, c’est le même problème de fond. C’est l’intensité du niveau émotionnel. La réponse est différente et c’est sûr, c’est plus agréable d’avoir un chien qui se jette pour faire la fête. Je fais encore une digression, on peut avoir des chiens qui, jeunes, se jettent pour faire la fête et arriver vers 18 mois, deux ans, quand les hormones se sont installées, etc, changent complètement la valeur de la valence et on peut avoir de l’agressivité, des réponses agressives, là où on n’en avait pas avant, tout simplement parce que le chien n’avait pas la maturité pour.
Marion
Je suis désolée, moi aussi, j’allais faire une digression, mais c’est exactement ce que j’allais dire. J’allais dire aussi qu’en réactivité, souvent, on ne voit pas le problème, on ne le voit pas s’installer quand c’est justement, “une réactivité dite positive”. On ne le voit pas parce qu’on se dit “au contraire, c’est bien, il aime les gens”. On part du principe qu’il y a cette forme-là de positive et on va mettre un mot dessus qui va orienter aussi nos comportements parce qu’on ne va pas forcément voir le problème alors que ça peut le devenir. Peut-être pas, mais ça peut le devenir. Pareil quand on a un chien qui fait la fête aux autres chiens et qui harcèle, en soi, ça peut ne jamais poser problème comme un jour ça peut poser problème parce que s’il ne sait pas s’arrêter, s’il y a un chien en face qui n’a pas envie, il va se prendre un coup de croc et là, par contre, sa valence émotionnelle au contact des autres chiens va changer. Son comportement, lui, de harcèlement ne changera toujours pas parce qu’on ne lui a toujours pas appris à faire autrement ou parce qu’il a des émotions trop intenses qu’on ne lui a pas permis d’apprendre à un moment donné. Du coup, là, il va falloir qu’on entame un travail et c’est dommage parce qu’on aurait pu commencer à le travailler bien en amont.
Marjorie
Je vais te raconter, j’ai eu ce cas-là. Mon premier chien était hyper content de voir d’autres chiens très, très excité. Je ne l’ai pas aidé à l’époque, il était assez excitable et je n’ai pas su reconnaître le fait que oui, la problématique, ce n’était pas qu’il soit très, très content d’aller voir les autres chiens et leur sauter dessus, etc. Et c’est du jeu comme on dit “Oui, il veut jouer”. Sauf que quand il est arrivé à l’âge adulte ça n’a plus été du tout du jeu et j’ai eu un chien qui allait au carton systématiquement. Ça m’a vaccinée de ce côté-là et ça m’a vacciné de ce côté-là et ça m’a sensibilisé très, très tôt à ces problématiques d’état émotionnel et des émotions chez le chien plus que dans ce qu’on voit qui sort du comportement à l’instant T.
Marion
C’est vraiment super passionnant. On pourrait continuer comme ça pendant des heures, je pense, mais on va s’arrêter là. On a déjà fait pas mal le tour du sujet. Merci infiniment, Marjorie, d’être venue, d’avoir accepté l’invitation et de nous partager ton savoir. Je crois qu’il y a très peu, voire peut-être que tu es la seule, en tout cas, tu es la première certifiée en nosework en France.
Marjorie
Pour l’instant, je suis la seule, donc j’espère qu’il y aura d’autres qui vont enclencher. Je te remercie vraiment pour le moment d’échange, parce que vraiment, moi, j’ai passé un excellent moment.
Marion
Je suis super contente. Merci. Et puis, n’hésitez pas à aller suivre Marjorie sur ses réseaux. C’est super passionnant ce qu’elle fait. Si vous avez envie de vous faire suivre, je ne peux que vous recommander d’aller voir Marjorie pour le nosework, parce qu’elle est ultra capée !
Marjorie
Merci beaucoup Marion pour ce chouette moment. Et puis à bientôt j’espère !
Marion
À bientôt ! J’espère que ce nouvel épisode vous a plu.
Si vous avez des questions ou des remarques sur l’épisode du jour, n’hésitez pas à commenter. D’ailleurs, dans la section commentaires aussi, vous pouvez tout à fait suggérer un prochain sujet qui vous tient à cœur. Vous pouvez également rejoindre mon Instagram ou Facebook pour plus d’informations, de tips et de ressources gratuites sous l’identifiant @animalethérapie. Vous avez un souci de comportement avec votre animal ou vous avez envie de vous faire accompagner de façon éthique et professionnelle ? Vous pouvez me contacter directement sur contact@animaletherapie.com et je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.
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